"A tous les hommes politiques ayant reçu des dons de la NRA, Honte à vous", a crié Emma Gonzalez lors d'un rassemblement contre les armes à Fort Lauderdale, après avoir fustigé M. Trump pour avoir reçu le soutien financier du puissant groupe pendant la campagne présidentielle de 2016.
"Honte à vous", a repris en choeur la foule de plusieurs dizaines de personnes.
"Si le président me dit en face que c'était une terrible tragédie (...) et qu'on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Rifle Association. Je le sais: 30 millions de dollars", a dit rageusement la jeune fille de 18 ans aux cheveux rasés.
"C'est ce que valent ces gens pour vous, M. Trump?", a-t-elle lancé en comparant cette somme au nombre de victimes des fusillades qui ont ensanglanté le pays depuis le début de l'année.
"Le fait d'être autorisé à acheter des armes automatiques n'est pas une question politique, c'est une question de vie ou de mort", a affirmé plus tard à l'AFP la lycéenne.
Dans une allocution solennelle au lendemain de la fusillade, M. Trump avait insisté sur les problèmes mentaux du tueur, ne disant rien sur le droit de posséder une arme garanti par le deuxième amendement de la Constitution, ni sur les armes semi-automatiques comme l'AR-15 utilisé par le tireur de Floride.
Emma Gonzalez s'en est également pris aux parlementaires américains "financés par la NRA qui nous disent que rien n'aurait pu empêcher ça (...) ou qui disent que des lois plus sévères sur les armes ne font pas baisser la violence par les armes".
Signaux d'alarme
La jeune fille est en Terminale du lycée Marjory Stoneman Douglas, situé dans la ville voisine de Parkland. Elle était cachée dans l'amphithéâtre quand Nikolas Cruz, 19 ans, a ouvert le feu dans les couloirs de l'établissement, faisant 17 morts dont une majorité d'adolescents, avant de s'enfuir en se mêlant à la foule. Il a été arrêté une heure plus tard.
La fusillade, l'une des plus meurtrières depuis trente ans, a ravivé le débat récurrent sur la vente libre des armes que défendent bec et ongles, et jusqu'à la Cour suprême, les responsables de la NRA.
Nikolas Cruz était suivi psychologiquement pour des problèmes de comportement mais il a profité d'une législation laxiste en Floride pour acheter légalement son arme l'année dernière. A son âge, de nombreux Américains ne pouvaient pas acheter une bière ou des cigarettes.
Pourtant, plusieurs signaux d'alarme ont été déclenchés jusqu'à récemment sur les risques posés par le jeune homme.
Une enquête sociale lancée dans le cadre d'une auto-mutilation révélait dès septembre 2016 qu'il voulait acheter une arme à feu.
"M. Cruz a des coupures récentes sur les deux bras. M. Cruz a déclaré qu'il prévoit d'acheter une arme à feu. Nous ignorons dans quel but il veut acheter l'arme à feu", indique un rapport laconique des services de protection de l'enfance cité par le quotidien South Florida Sun Sentinel.
Si ces faits dénotaient bien "certaines implications" pour sa sécurité, ces services avaient à l'époque conclu que le jeune homme était suivi de façon adéquate par son école et dans un institut spécialisé dans la santé mentale.
Nikolas Cruz était suivi "parce qu'il était désigné comme un adulte vulnérable à cause de troubles mentaux", selon le journal.
Le FBI a admis vendredi une grave défaillance en ayant ignoré le 5 janvier un appel d'un proche de Cruz qui décrivait son intention de tuer des personnes, y compris dans un établissement scolaire.
La police locale était elle aussi alertée sur la dangerosité de Cruz, a affirmé CNN. Sa mère adoptive, morte l'an dernier, "avait plusieurs fois demandé à la police de venir chez elle pour l'aider à faire face à ses accès de violence, à ses menaces et à son comportement autodestructeur".
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