Les manifestants, venus en couple avec leurs enfants pour nombre d'entre eux, se sont rassemblés dans une ambiance enjouée près du Théâtre national en brandissant sous le soleil des pancartes avec le portrait de M. Netanyahu barré en jaune de l'inscription "Crime Minister" en anglais.
"Bye Bye Bibi", proclamaient d'autres posters en hébreu, employant le surnom du Premier ministre.
"Menteur, menteur", ont scandé les manifestants quand l'un des orateurs a tourné en dérision les protestations d'innocence constantes de M. Netanyahu.
Un porte-parole de la police a chiffré les manifestants à environ un millier.
Tel-Aviv, la capitale économique, culturelle et libérale d'Israël, est depuis des mois le théâtre d'une manifestation hebdomadaire réclamant l'inculpation et le départ de M. Netanyahu, au pouvoir depuis près de douze ans au total.
Le rassemblement de vendredi est le premier depuis que la police a annoncé mardi avoir réuni assez de preuves pour inculper M. Netanyahu pour corruption dans deux affaires.
"Il n'y a aucune limite à la honte que ce Premier ministre corrompu fait rejaillir sur le peuple", a lancé l'un des orateurs, le militant Abi Binyamin. "Nous viendrons ici aussi longtemps qu'il le faudra".
Bien qu'anticipées de longue date, les recommandations de la police ont provoqué un tumulte politique. La décision d'inculpation appartient à présent au procureur général, Avichai Mandelblit, et pourrait prendre des mois.
Même inculpé, M. Netanyahu ne serait pas tenu légalement de démissionner. Mais la pression que susciterait son inculpation pose d'ores et déjà la question de son avenir à la tête du gouvernement.
Dans l'une des enquêtes, M. Netanyahu est soupçonné d'avoir essayé de conclure un accord avec le plus grand quotidien payant israélien pour une couverture favorable de son action.
Dans l'autre dossier, la police suspecte M. Netanyahu et des membres de sa famille d'avoir reçu de la part de richissimes personnalités pour un million de shekels (environ 230.000 euros) de cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux, en échange de faveurs financières ou personnelles.
M. Netanyahu n'a cessé de déclarer son innocence. Il a affirmé sa ferme intention de rester aux commandes.
L'opposition a réclamé sa démission. Mais tous les chefs de sa coalition, sur laquelle repose le gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, sont restés solidaires pour l'instant, au moins jusqu'à la décision du procureur général.
Ce dernier n'est pas lié par les recommandations de la police. Bien qu'ancien collaborateur au cabinet du Premier ministre, il a déclaré jeudi qu'inculper ce dernier ne lui poserait "aucun problème" si les preuves et la loi l'exigeaient.
Selon trois sondages publiés depuis mardi, entre 45 et 50% des Israéliens estiment que M. Netanyahu devrait soit démissionner, soit de se mettre en retrait temporairement, entre 40 et 43% d'entre eux pensant le contraire.
Pour 48% d'entre eux, il est corrompu ou très corrompu, selon une enquête d'opinion publiée vendredi par le quotidien Maariv.
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