La Berlinale est le premier grand festival de cinéma en Europe organisé depuis les accusations d'abus sexuels contre Harvey Weinstein et les révélations sur le traitement réservé aux femmes dans le 7ème art, qui ont suivi.
Le réalisateur allemand Tom Tykwer, président du jury qui choisira le prochain Ours d'or, a demandé que la discussion "ne soit pas étouffée par qui que ce soit". Mais en même temps "il est important que le débat ne soit pas alimenté de manière artificielle", a-t-il ajouté en référence au risque de sensationnalisme des médias.
Les organisateurs de la Berlinale ont promis de promouvoir la diversité sous toutes ses formes, bien que seulement quatre des films en compétition aient été réalisés par des femmes. Ils ont indiqué avoir écarté plusieurs cinéastes accusés d'abus sexuels.
#Poupéedepersonne
Une actrice sud-coréenne a cependant critiqué le festival pour avoir invité le réalisateur Kim Ki-Duk et son film "Human, Space, Time and Human", présenté samedi. Elle a accusé ce dernier de l'avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisées alors qu'elle travaillait sur un de ses films.
"La Berlinale condamne et s'oppose évidemment à toute forme de violence et de comportement sexuel inapproprié", a souligné à l'AFP son directeur, Dieter Kosslick, avant le début du marathon cinématographique.
Jeudi, un groupement de 100 associations de défense des droits civiques en Corée du Sud a accru la pression en critiquant la décision "injuste" du festival d'inviter "le responsable d'une agression physique" tandis que "la victime qui s'est exprimée est marginalisée".
La vague #MeToo se fait clairement sentir à Berlin: une pétition en ligne appelant à dérouler un "tapis noir" au lieu du traditionnel "tapis rouge" à la Berlinale, en signe de soutien aux victimes d'abus sexuels, a attiré quelque 21.000 signatures.
Et une comédienne allemande, Anna Brüggemann, a lancé sur Twitter un appel intitulé #poupéedepersonne pour inviter les stars féminines à renoncer aux jupes courtes et tenues sexy habituelles, au profit de "vêtements plus confortables".
Pendant 11 jours, quelque 400 films vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l'année en Europe, avant Cannes et Venise, et le seul à être ouvert au public.
Le premier événement est la présentation du dernier Wes Anderson, le cinéaste de "Grand Budapest Hotel".
Pour sa deuxième incursion dans l'animation après "Fantastic Mr Fox" en 2009, le réalisateur américain a réuni un parterre de célébrités: Bryan Cranston, Bill Murray, Jeff Goldblum, Tilda Swinton et Scarlett Johansson qui font les voix des chiens à l'honneur dans le film.
Japon fantasmé
"L'île aux chiens" suit les aventures d'Atari, 12 ans, à la recherche de son fidèle compagnon Spots, mis en quarantaine sur une île en raison d'une épidémie de grippe canine.
Le film se déroule dans "une version fantasmée du Japon" et est un hommage à deux maîtres du cinéma nippons, Hayao Miyazaki et Akira Kurosawa, a souligné Wes Anderson devant la presse. On y retrouve l'enfance, la famille et la quête des origines, thèmes chers au cinéaste américain.
C'est la quatrième fois que le réalisateur est en lice pour l'Ours d'or, qui sera remis le 24 février à un des 19 films en compétition.
Au sein du jury, Tom Tykwer ("Cours, Lola, cours", "Le parfum") sera notamment épaulé par l'actrice belge Cécile de France, la productrice américaine de "Moonlight" Adele Romanski, le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto ou encore l'historien espagnol du cinéma Chema Prado.
Fidèle à sa tradition, la Berlinale prévoit d'accueillir des films d'auteur et de plus grosses productions.
Isabelle Huppert incarnera une femme fatale dans "Eva", un thriller psychologique de Benoît Jacquot, adapté d'un roman noir de James Hadley Chase. La France sera représentée une deuxième fois avec "La prière" de Cédric Kahn, sur d'anciens toxicomanes qui tentent de s'en sortir de manière radicale.
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