Rien d’étonnant, direz-vous, dans un conservatoire qui accompagne à l’année près de 1 700 élèves dans l’apprentissage de la musique, de la danse ou du théâtre. Ce qui surprend par contre ici, c’est la forte interaction qui existe depuis toujours entre l’établissement et l’Orchestre de Caen qui fête ce mois-ci ses 60 ans.
Une particularité historique
“En 1951, Jean-Pierre Dautel prend la direction du conservatoire”, explique Stéphane Béchy, directeur. “Caen est un champ de ruines dans une dynamique de reconstruction. Mais reconstruire une ville, ce n’est pas seulement remonter des rues et des immeubles. C’est redonner la vie à la ville. Jean-Pierre Dautel crée alors les conditions d’une vie musicale : un conservatoire et un orchestre”.
Depuis 1951, Caen a conservé cette particularité historique et unique : elle accueille le seul conservatoire de l’Hexagone qui enseigne et produit de la musique grâce à son orchestre professionnel. “Cette logique de production explique que ce conservatoire est l’un des plus importants de France alors qu’il se trouve dans une ville de taille plutôt moyenne”.
Inauguré le 5 octobre 1984 par Jack Lang, alors ministre de la Culture, le conservatoire se dote en 1986 d’un grand auditorium de 900 places.
“La musique n’est pas un empilement de savoirs”
L’équipement achève de nouer le lien particulier qui unit le conservatoire à son orchestre. “Ce qui fédère nos activités, c’est le fait que tout se passe dans les mêmes locaux avec des équipes communes”, se réjouit Stéphane Béchy. Les deux tiers des 48 musiciens de l’Orchestre de Caen enseignent en effet au conservatoire qui emploie une centaine de professeurs.
“La musique n’est pas un empilement de savoirs. C’est quelque chose qui touche plus profondément la structuration de la personne et son éducation. Apprendre la musique, c’est apprendre à jouer d’un instrument mais aussi apprendre à se projeter dans une réalisation. Voir son professeur en situation, c’est apprendre la scène ; à s’exposer, à se fragiliser ...”
Un lien presque fraternel
Parmi les 1 700 élèves qui arpentent chaque année les couloirs du conservatoire, peu s’engagent réellement dans la voie de la professionnalisation. “A peine 2%”, précise Stéphanie Viet, chargée de communication. De quoi contrer l’image élitiste que beaucoup portent à l’établissement, en l’absence d’école de musique à Caen. “J’ai débuté ici en 1963. Jean-Pierre Dautel était visionnaire : en 1969, il m’a donné la possibilité de rejoindre l’Orchestre”, témoigne Héléne-Marie Foulquier, violoncelliste. “Quand j’ai commencé, il n’y avait qu’une classe de violoncelle et une douzaine d’élèves inscrits dans la discipline. Aujourd’hui, nous comptons trois classes et 80 élèves”.
Guillaume Cubero a fait ses gammes à Caen en 1986 et y enseigne aujourd’hui le violon. “J’ai toujours eu cette affection pour Caen. Il y a un vrai lien qui se tisse ici”.
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