Les alliés européens ont reconnu que "la défense commune est une mission pour l'Otan et pour l'Otan seule", s'est félicité jeudi le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis à l'issue d'une réunion de deux jours avec ses homologues au siège de l'Alliance à Bruxelles.
Le concept de défense collective est un principe intangible au coeur du Traité de l'Atlantique-Nord, fondateur de l'Alliance, qui garantit à ses membres qu'ils seront mutuellement protégés en cas d'attaque.
La partie américaine avait exprimé sa préoccupation de voir l'Otan privée de moyens par le projet de relance de défense européenne au moment où les menaces s'accumulent pour l'Alliance, à l'est avec la montée en puissance de la Russie et au sud avec le radicalisme islamiste et la poussée migratoire.
Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, est d'ailleurs monté aussi au créneau pour fixer les limites de l'initiative européenne.
"L'UE ne doit pas se substituer à ce que fait l'Otan" et elle "ne doit pas fermer ses marchés de défense" aux Américains et aux autres pays non membres de l'UE, a averti M. Stoltenberg.
'Doutes dissipés'
Certains Européens ont été surpris, sinon agacés, par ce ton offensif. "Il y a une complémentarité avec l'Otan. Les Européens n'ont aucune intention de duplication inutile ou d'acquisitions de capacités inutiles", ont assuré des diplomates des pays de l'UE.
Mais un dîner de travail mercredi soir a permis, semble-t-il, de calmer le jeu.
La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a expliqué l'initiative européenne et tout est rentré dans l'ordre, selon les déclarations de ministres européens à la fin de la réunion.
Vingt-cinq pays de l'UE ont lancé en décembre 2017 une initiative inédite, connue sous le nom de Coopération structurée européenne (CSP), qui doit leur permettre de développer conjointement des capacités de défense et d'investir dans des projets communs.
"Je pense que les doutes qui devaient être dissipés hier ont été dissipés d'une manière très importante", a affirmé jeudi la ministre espagnole de la Défense, María Dolores de Cospedal.
"Ce dîner a été beaucoup plus constructif que les propos publics" tenus par les Américains, a pour sa part confié à l'AFP une source européenne.
"La réunion a permis de poser les fondations pour le sommet de l'Otan en juillet en expliquant comment les décisions européennes en matière de défense peuvent compléter le travail de l'Otan", a jugé Jens Stoltenberg.
'Besoin d'argent'
Washington a également obtenu satisfaction sur le second contentieux avec ses alliés: l'accroissement de leurs dépenses de défense.
Jim Mattis est toutefois resté inflexible. "Beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire", a-t-il déclaré.
Tous les pays de l'Otan se sont engagés à porter leurs dépenses de défense à 2% de leur PIB en 2014. Mais tous ne seront pas au rendez-vous: une quinzaine seulement, selon Jim Mattis. La France devrait être du nombre en 2025, a-t-il précisé. Et M. Mattis s'est dit "confiant" sur l'engagement allemand.
"Nous avons besoin de plus d'argent, de plus de capacités et de plus contributions", a résumé Jens Stoltenberg.
Le contexte géopolitique impose aux membres de l'Alliance d'avoir des troupes prêtes à intervenir et en mesure d'être déployées rapidement, a plaidé de son côté le ministre américain de la Défense.
Les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle augmentation de 35% du budget consacré aux déploiements de soldats américains en Europe ("European Deterrence Initiative") en 2019, à 6,5 milliards de dollars, après une hausse de 40% en 2018.
"Les Etats-Unis sont pleinement engagés dans l'Otan", a insisté Jim Mattis.
Deux nouvelles structures de commandement vont être créées à cette fin. Les Etats-Unis ont proposé d'accueillir le nouveau commandement chargé de la sécurisation des communications maritimes pour les déplacements de troupes et de matériel dans l'Atlantique, et les Allemands celui pour le soutien logistique en Europe.
"La décision sur les sites et les effectifs sera prise lors de la prochaine réunion en juin", a précisé le secrétaire général Jens Stoltenberg.
L'Otan s'est par ailleurs engagée dans une mission de formation militaire en Irak. "Mais elle ne prévoit aucun entraînement pour le combat", a indiqué Jens Stoltenberg.
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