M. Netanyahu a balayé les appels à la démission lancés par l'opposition après la publication, mardi soir, des conclusions sévères de deux enquêtes policières préconisant son inculpation pour corruption, fraude et abus de confiance.
"Je peux vous rassurer: la coalition est stable et ni moi ni personne n'avons de projet d'élections (anticipées). Nous allons continuer à travailler ensemble pour le bien de nos citoyens israéliens jusqu'à la fin du mandat", prévue en 2019, a dit M. Netanyahu dans un discours à Tel-Aviv.
Les recommandations de la police ont déchaîné les conjectures sur le sort d'un homme réputé pour son instinct de survie.
Le quotidien Yediot Aharonot, hostile à M. Netanyahu, parle de "début de la fin". Mais les responsables israéliens et les dirigeants internationaux risquent de traiter encore un certain temps avec une personnalité apparemment sans rival dans son pays, interlocuteur de longue date des plus grands à l'étranger.
M. Netanyahu proclame son innocence, n'a aucune intention de se démettre et n'est pas tenu légalement de le faire. La décision de l'inculper appartient au procureur général Avichai Mandelblit, un ancien collaborateur de M. Netanyahu qui s'est, à l'occasion, opposé au gouvernement.
Pas 'à la hauteur'
M. Mandelblit n'est pas lié par les préconisations de la police et l'expérience montre qu'une telle décision risque de prendre des mois. Même inculpé, M. Netanyahu ne sera pas forcé de se retirer.
La coalition sur laquelle repose le gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël n'a donné jusqu'alors aucun signe de se fissurer.
Le ministre de l'Education, Naftali Bennett, à la tête du Foyer juif, composante essentielle de la majorité, a estimé que l'attitude éthique du Premier ministre n'avait pas été "à la hauteur".
Mais "le Premier ministre reste présumé innocent. C'est pourquoi j'ai décidé d'attendre la décision du procureur général", a-t-il ajouté.
Après des mois d'enquêtes dans lesquelles M. Netanyahu a été interrogé à sept reprises, la police a indiqué avoir réuni suffisamment de preuves pour son inculpation dans deux dossiers.
Dans le premier, M. Netanyahu mais aussi des membres de sa famille sont soupçonnés d'avoir reçu entre 2007 et 2016 de la part de deux riches personnalités -James Packer, milliardaire australien, et Arnon Milchan, producteur israélien à Hollywood- pour un million de shekels (environ 230.000 euros) de cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux.
En retour, M. Netanyahu aurait tenté de faire passer une loi fiscale qui aurait rapporté des sommes considérables à M. Milchan ou de lui obtenir un visa aux Etats-Unis.
Dans la deuxième affaire, M. Netanyahu est suspecté d'avoir essayé de conclure un accord avec le propriétaire du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de la part de ce journal, le plus grand quotidien israélien payant.
'Fromage suisse'
Le rapport de la police est "aussi plein de trous qu'un fromage suisse", a asséné M. Netanyahu mercredi.
Les proches de M. Netanyahu vilipendent une tentative de "putsch" de ses adversaires frustrés de ne pouvoir l'emporter dans les urnes.
Les adversaires en question réfutent l'argument des petits cadeaux entre vieux amis. Pour eux, les deux affaires ne sont que la "partie émergée de l'iceberg", une corruption systématisée et des échanges de faveurs auxquels MM. Milchan et Packer ne seraient pas les seuls à avoir contribué.
"Sans équivoque possible, le Premier ministre doit démissionner", a répété mercredi le leader du parti travailliste (opposition) Avi Gabbay. "Il est indigne de rester Premier ministre".
M. Netanyahu a indiqué lui-même mardi soir qu'il avait fait l'objet ces dernières années d'une quinzaine d'enquêtes plus ou moins avancées, et qu'il n'en était jamais rien sorti.
Dans certains cas, la police a recommandé son inculpation, sans que cela soit suivi d'effet.
A la tête du gouvernement depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, M. Netanyahu battrait le record de longévité de l'historique David Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël, si l'actuelle législature allait à son terme en novembre 2019.
Les recommandations policières de mardi n'ont pas manqué de susciter la comparaison avec son prédécesseur et ancien adversaire. Ehud Olmert, au pouvoir de 2006 à 2009, a été libéré en juillet 2017 après un an et quatre mois de prison pour corruption.
A LIRE AUSSI.
Israël: la police recommande l'inculpation de Netanyahu, qui exclut de démissionner
La pression judiciaire augmente sur Netanyahu
Israël: l'enquête sur Netanyahu, défi à sa longévité politique
Israël: la police questionne Netanyahu pour la 2e fois en une semaine
Israël met en garde l'Iran après un accès de fièvre en Syrie
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.