Au stade Santiago-Bernabeu, personne n'avait envie d'affronter cet adversaire-là, surtout aussi tôt dans la saison. Mais le tirage a accouché de cette affiche qui place deux ambitions dévorantes face à face et décapitera forcément un favori lors du match retour le 6 mars.
D'un côté, il y a le Real de Cristiano Ronaldo, double champion d'Europe en titre mais contraint à l'exploit en C1 après ses récentes déconvenues en Liga et en Coupe du Roi, qui ont alimenté l'idée d'un déclin.
De l'autre, le PSG de Neymar, requinqué par l'arrivée de la star brésilienne mais désireux de franchir enfin un cap, un an après l'humiliation subie l'an dernier au même stade à Barcelone (4-0, 1-6)...
"Cette confrontation entre le Real Madrid et le PSG est un match qui peut marquer une saison entière", a résumé Ronaldo.
Cela fait deux mois que toute l'attention et l'énergie des deux clubs sont tournées vers ce duel, tant les enjeux sont grands et les craintes immenses.
Possible passation
"Contre Paris, nous jouons notre saison. Mais de la peur? La peur n'existe pas dans le football, surtout pas pour le Real Madrid", douze fois champion d'Europe, a tranché le meneur de jeu merengue, Luka Modric.
La forme du moment pencherait plutôt du côté parisien, solide leader du Championnat de France. Mais le passif du PSG est inquiétant dans les matches couperets, face au Barça l'an dernier ou sur le terrain du Bayern Munich en décembre (défaite 3-1).
L'avant-centre Edinson Cavani a d'ailleurs reconnu que l'obsession de décrocher enfin une première C1 créait une certaine "anxiété" à Paris, même si Adrien Rabiot met en avant des progrès dans ce domaine.
"Il faut aussi avoir un mental d'acier", a souligné le milieu français. "C'est sans doute cela qui nous a fait défaut lors des saisons précédentes. Il faudra être bien préparé psychologiquement."
Pour augmenter la pression, le capitaine madrilène Sergio Ramos a convoqué les supporters à 18h30 au stade, deux heures avant le match, pour une "quedada", traditionnel "rendez-vous" visant à agglutiner le plus de monde possible pour impressionner l'adversaire à l'arrivée des bus des équipes.
Savoir faire fi des appréhensions, tel est le talent des grands joueurs. Et tel est le défi de Ronaldo, quintuple Ballon d'Or, et Neymar, prétendant déclaré au prestigieux trophée.
Les deux stars accaparent tout, au risque de rendre leurs équipes dépendantes: "CR7" (33 ans), longtemps maladroit cette saison, domine malgré tout le classement des buteurs de C1 avec 9 buts. Soit trois de plus que "Ney" (26 ans).
Il serait aisé de voir dans ce match une possible passation de pouvoir entre la star au zénith et l'étoile montante. Ou entre le vieux monde, incarné par l'institution Real, et le nouveau riche, symbolisé par le PSG version Qatar.
Bataille défensive ?
Mais qui gagnera? L'expérience ou l'ambition? La tradition ou l'irrésistible ascension?
"Nous allons affronter une grande équipe avec d'excellents joueurs, que nous respectons beaucoup. Mais nous avons démontré que nous avions un effectif très fort, très uni et doté d'une grande expérience dans cette compétition", a prévenu Ronaldo.
Et d'ailleurs, peut-être que ce choc entre le trio offensif "BBC" (Bale-Benzema-Cristiano) et le trident "MCN" (Mbappé-Cavani-Neymar) accouchera in fine d'une bataille défensive.
"Comme on joue à la maison, il va falloir faire attention à notre cage", a résumé Zinédine Zidane dont l'équipe encaisse trop de buts cette saison (13 en 10 matches en 2018).
Privé de son latéral droit Dani Carvajal, suspendu, "ZZ" devrait titulariser Nacho, moins virevoltant mais plus vigilant, pour marquer de près Neymar.
Côté parisien, Thiago Motta étant trop juste, l'interrogation concerne le poste de sentinelle devant la défense, avec l'ancien Madrilène Lassana Diarra ou l'Argentin Giovani Lo Celso comme possible recours.
Mercredi, les choix des deux techniciens pèseront lourd pour l'avenir.
Malgré huit titres gagnés sur onze possibles en deux ans, Zidane pourrait être fragilisé en cas de printemps sans trophée. Et Emery aura du mal à survivre à un nouveau revers dès les huitièmes, un an après la gifle barcelonaise. Trac, vous avez dit trac ?
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