"Gang-Poong", "vent fort" en coréen: pas un jour depuis dimanche sans que ces mots n'apparaissent sur le bulletin météo, désormais autant disséqué que le programme du lendemain. De quoi faire de ces JO de Pyeongchang des JO... dans le vent.
Qu'il soit glacial ou non, cet air puissant pose un problème pour la sécurité des épreuves et des skieurs, au grand dam des diffuseurs qui doivent sans arrêt modifier leurs grilles.
Depuis l'ouverture des JO vendredi dernier, avec des rafales jusqu'à 100 km/h tant sur le site de vitesse de Jeongseon que sur celui des épreuves techniques à Yongpyon, ce vent mauvais a totalement chamboulé le programme de ski alpin et commence à soulever des questions.
Les rafales ont aussi perturbé dimanche les biathlètes ou les sauteurs à ski. L'image du quadruple champion olympique suisse de saut à ski Simon Ammann grelottant en haut du petit tremplin en attendant que le vent veuille bien se calmer, restera.
Mercredi, c'est l'épreuve de saut (petit tremplin) du combiné nordique prévue à 15h00 locales (07h00 françaises) qui a été repoussée à cause du vent, sans qu'aucun nouvel horaire ne soit annoncé immédiatement.
Programme chamboulé et chargé
Les deux jours qui viennent seront très chargés en ce qui concerne le ski alpin. Jeudi aura lieu le slalom géant dames (1re manche à 02h00 françaises et 2e manche à 05h45 françaises) avec dans l'intervalle la descente messieurs (03h30 françaises). Vendredi verra désormais se dérouler à la fois le slalom dames et le super-G messieurs.
Mercredi, le CIO s'est montré rassurant, se disant confiant dans l'expérience de la Fédération internationale de ski (FIS), en charge d'organiser les courses, face à de tels aléas.
"Nous avons plein de possibilités. Mais si le vent continue à souffler pendant les 15 prochains jours, alors cela pourrait poser un problème", a expliqué le porte-parole de l'instance Mark Adams.
La FIS "est bien habituée à ces perturbations, dues au vent, à trop ou pas assez de neige ou trop de pluie", a-t-il ajouté.
Les conditions météorologiques "vont s'améliorer demain (jeudi) avec du soleil attendu et sans vent", a déclaré une porte-parole de la Fédération internationale de ski (FIS), présente sur le site du slalom.
Une seule course de ski alpin a pu se dérouler selon le programme depuis le début des JO, le combiné messieurs remporté mardi par l'Autrichien Marcel Hirscher devant deux Français, Alexis Pinturault et Victor Muffat-Jeandet.
Mercredi matin, les équipes ont témoigné de conditions très difficiles sur la piste de slalom, ce qui a conduit la FIS à prendre "la bonne décision", a assuré Sébastien Amiez, ancien slalomeur français désormais consultant média.
"Mais si les descendeurs y sont habitués, c'est plus rare pour les slalomeurs", a ajouté le vainqueur du petit globe de slalom en 1996 et médaillé d'argent en slalom aux JO de Salt Lake City-2002.
"C'est embêtant, mais nous préférons cette décision à des courses qui ne sont pas équitables," a ajouté sur place le président de la Fédération française de ski Michel Vion.
Jusque-là, les conditions pour courir avaient toujours été bonnes sur le site de Yongpyong, notamment lors d'une étape de Coupe du monde de slalom juste après les JO de Nagano en 1998.
'De nombreuses éoliennes'
"Mais il suffit de relever la tête pour voir que de nombreuses éoliennes sont installées dans la région. Du vent il y en a donc", a soouligné Amiez.
Ce n'est pas la première fois que les JO d'hiver sont perturbés par les éléments et le souvenir de Nagano remonte dans tous les esprits.
A cause de chutes de neige et du brouillard, la descente messieurs avait ainsi été reportée deux fois. Au bout de l'attente, l'outsider français Jean-Luc Crétier, jamais vainqueur en Coupe du monde, s'était imposé. Le favori autrichien Hermann Maier avait chuté de manière spectaculaire, un accident qui avait fait autant pour sa gloire que ses innombrables succès. Maier s'était relevé, meurtri mais sans blessure grave, et avait gagné son surnom de +Herminator+.
A l'abri de ces bourrasques, la star du snowboard Shaun White a ajouté une ligne de plus à sa légende, en décrochant un 3e titre olympique en halfpipe, au terme d'un dernier run dantesque qui lui a permis de prendre le meilleur sur le Japonais Ayumu Hirano et d'offrir aux Etats-Unis leur 100e titre olympique à des Jeux d'hiver.
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