La vaste serre "Temperate House", située dans les jardins botaniques des Kew Gardens, à l'ouest de la capitale britannique, pourrait abriter trois avions gros-porteurs. Elle hébergeait plutôt un millier d'espèces de plantes provenant du monde entier jusqu'à ce que son délabrement n'entraîne sa fermeture pour rénovation en 2013.
"Il y avait de la rouille partout, toute la peinture s'écaillait. Et regardez maintenant, tout est flambant neuf!", se réjouit le chef du projet Andrew Williams auprès de l'AFP, tandis que des ouvriers mettent la touche finale à la rénovation, d'un coût total de 41 millions de livres (46 millions d'euros).
La haute structure de verre et de fer forgé blanc, dessinée par l'architecte anglais Decimus Burton, avait ouvert au public en 1863. Sa restauration a nécessité l'enlèvement de 69.000 éléments pour les nettoyer, les réparer ou les remplacer, outre le remplacement de 15.000 carreaux de verre.
Les énormes colonnes de fer ont été ravivées avec de la peinture en quantité suffisante pour couvrir quatre terrains de football. Un nouveau système de ventilation a été installé et le chauffage modernisé, tournant principalement grâce à des chaudières à biomasse.
"Un bâtiment comme celui-ci le mérite bien", soutient Andrew Williams. "Je ne pense pas qu'on construirait un bâtiment pareil aujourd'hui". Le domaine des Kew Gardens s'attendent à y accueillir plusieurs centaines de milliers de visiteurs après la réouverture en mai.
"Tous ceux qui ont travaillé ici sont vraiment fiers, et maintenant vous voyez les plantes revenir, c'est un endroit fantastique", poursuit-il. La plupart d'entre elles avaient été transférées temporairement dans les pépinières du jardin botanique.
Palmier centenaire sacrifié
"C'est une énorme opération", explique le responsable du "Temperate House", Scott Taylor. Les plantes ont commencé à être déplacées en 2012, une entreprise qui n'a pris fin qu'au début des travaux en 2014.
"Il nous faudra environ neuf mois pour remettre toutes les plantes en place", estime-t-il. Au total, quelque 1.500 espèces prendront racine dans 1.300 mètres cubes de terre apportés de l'extérieur du site. "Nous sommes très chanceux d'avoir le Millenium Seed Bank (banque à graines, NDLR) à 20 miles (32 kilomètres, NDLR) d'ici. Je les ai appelés, je leur ai envoyé des emails pour obtenir toutes ces plantes".
La serre sera divisée en zones géographiques et présentera des espèces originaires d'Afrique, des Amériques, d'Australie, de l'Himalaya et d'Asie.
"Notre principale motivation pour la réouverture, c'est la flore rare et menacée", explique Scott Taylor. "Vous ne les trouvez pas dans un magasin", poursuit-il, expliquant que parmi la cinquantaine d'espèces peu communes de la serre, certaines ne se trouvent même plus dans la nature.
L'une des plantes les plus rares sera l'Encephalartos woodii d'Afrique du Sud, un cycas dont un seul exemplaire a jamais été découvert dans la nature.
Des panneaux informeront les visiteurs sur les menaces pesant contre la flore, y compris les changements d'affectation des sols, les plantes invasives ou la déforestation. Mais certaines espèces ont aussi fait les frais de la rénovation, comme cet énorme cocotier du Chili.
"Nous avions un gros Jubaea (palmier) qui avait 160 ans", regrette Scott Taylor. "Nous avons débattu très, très longtemps de ce que nous pouvions faire, mais il aurait fini par défoncer la verrière".
"Il n'aurait pas été possible pour une plante ayant grandi durant 160 ans à l'intérieur d'être déplacée. Nous avons donc perdu un vrai gros spécimen, c'est triste".
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