La douleur partagée ensemble, dignement, devant les fans et les caméras, le 9 décembre à Paris, lors des funérailles de Johnny décédé à 74 ans des suites d'un cancer, fait désormais place à la rancoeur, exprimée par Laura Smet.
"J'aurais préféré que cela reste en famille" mais "j'ai choisi de me battre", a écrit la comédienne de 34 ans dans une lettre transmise lundi à l'AFP par ses avocats.
"Laura Smet a découvert avec stupéfaction et douleur le testament de son père Johnny Hallyday, au terme duquel l'ensemble de son patrimoine et l'ensemble de ses droits d'artiste seraient exclusivement transmis à sa seule épouse Laeticia par l'effet de la loi californienne", indiquent ses avocats Emmanuel Ravanas, Pierre-Olivier Sur et Hervé Témime, dans un communiqué transmis à l'AFP.
Selon les avocats, ces dispositions testamentaires "contreviennent manifestement aux exigences du droit français". Laura Smet leur a confié "la mission de défendre ses intérêts et de mener toutes les actions de droit permettant la sauvegarde de l'œuvre de son père".
David Hallyday, le frère aîné (51 ans) de Laura Smet, sera "codemandeur" dans cette procédure, selon son avocat, Jean Veil.
Quelques heures après cette annonce, Laeticia Hallyday a fait savoir qu'elle avait "pris connaissance avec écoeurement de l'irruption médiatique autour de la succession de son époux", mais dit ne pas vouloir "polémiquer par voie de presse", dans un communiqué à l'AFP.
Elle se dit "sereine et n'aura de cesse de consacrer toute son énergie à faire respecter le travail et la mémoire de son mari, selon sa volonté et en conformité avec l'esprit de son oeuvre inestimable", selon le communiqué.
Une longue bataille juridique se profile. Si en droit français, on ne peut pas déshériter un de ses enfants, ce principe n'existe pas dans le droit californien
La Cour de cassation vient de rendre un jugement dans deux affaires similaires. La plus haute juridiction française a tranché des conflits le 27 septembre dernier concernant les héritages du compositeur de films Maurice Jarre et de Michel Colombier, arrangeur de Serge Gainsbourg ou Madonna.
Elle a jugé que la loi française n'avait pas à s'imposer à la loi californienne, parce que Jarre et Colombier avaient construit leur vie en Californie depuis longtemps. Ensuite parce que les enfants qui réclamaient dans les deux cas leur part de l'héritage n'étaient pas "dans une situation de précarité économique ou de besoin".
Maisons, chansons et motos
Dans la bataille judiciaire qui s'annonce, l'un des enjeux sera donc de déterminer si l'installation de Johnny en Californie était "ancienne et durable".
"Le taulier" s'était installé dans le courant des années 2000 à Los Angeles, avec Laeticia et leurs filles Jade et Joy. L'an passé il était revenu en France suivre son traitement médical, avant de succomber le 6 décembre à son domicile de Marnes-la-Coquette, près de Paris.
Dans son testament, il n'aurait rien laissé à sa fille, selon les avocats de Laura Smet: "ni bien matériel, ni prérogative sur son œuvre artistique, ni souvenir – pas une guitare, pas une moto, et pas même la pochette signée de la chanson Laura qui lui est dédiée".
Plus concrètement, sont en jeu le patrimoine immobilier de la star, qui partageait sa vie entre la France, les Etats-Unis et l'île de Saint-Barthélémy, les droits de ses quelque 1.300 chansons, des voitures de collection, des motos.
Le testament "prévoit aussi qu'en cas de prédécès de son épouse, l'ensemble des biens et des droits de Jean-Philippe Smet serait exclusivement transmis à ses deux filles Jade et Joy par parts égales", poursuit le communiqué.
Après des mois d'union sacrée dans la famille Hallyday, pendant que la star luttait contre la maladie, Laura Smet affiche au grand jour sa douleur en s'adressant à son père disparu: "Toutes ces fois où on a dû se cacher pour se voir et s'appeler ! (...) Il m'est encore insupportable de ne pas avoir pu te dire au revoir, papa, le sais-tu au moins ?".
Il y a dix jours, David Hallyday avait déjà pris ses distances avec Laeticia au sujet de l'album posthume de Johnny attendu cette année. Sa mère, Sylvie Vartan, avait été la première à exprimer quelques désaccords avant l'enterrement de la star à Saint-Barth, se disant "triste" que le chanteur soit inhumé "si loin de nous tous qui l'aimions tant".
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