MM. Zuma et Ramaphosa ont engagé la semaine dernière des tractations directes pour tenter de sortir de la crise mais, à ce jour, elles semblaient n'avoir accouché d'aucun progrès.
Les 107 membres de la plus haute instance de décision de l'ANC, le Conseil national exécutif (NEC), étaient réunis lundi à huis clos dans un hôtel de Pretoria pour, officiellement, faire le point des discussions.
Cette instance a le pouvoir de "rappeler" M. Zuma, comme elle l'avait fait en 2008 pour le président Thabo Mbeki.
Mais l'actuel chef de l'Etat, empêtré dans des scandales de corruption, peut toutefois refuser d'obtempérer. Dans ce cas, l'ANC pourrait déposer devant le Parlement une motion de défiance qui le contraindrait à partir.
"Nous savons que vous voulez tourner la page", a lui-même concédé dimanche M. Ramaphosa lors d'un discours prononcé à l'occasion des 100 ans de la naissance de Nelson Mandela, le père de la nation "arc-en-ciel".
"C'est le souhait de notre peuple de finaliser tout ça et c'est précisément ce que le NEC va faire", a promis celui qui succéderait à M. Zuma en cas de démission du président.
Impatiente, l'opposition, qui demande depuis des années le départ de M. Zuma, est allé plus loin: elle a exigé lundi la dissolution du Parlement et la tenue d'élections anticipées.
"Il est important que le Parlement soit dissout et que nous repartions de zéro", a déclaré lundi lors d'une conférence de l'opposition Kenneth Meshoe, chef du Parti démocratique chrétien africain (ACDP).
"Parce que s'il est remplacé par son vice-président Cyril Ramaphosa, le même groupe de personnes qui défendent et protègent la corruption seront au pouvoir", a-t-il justifié.
L'opposition a aussi réclamé que soit avancée une motion de défiance, inscrite à l'ordre du jour du parlement pour le 22 février.
Dernier carré
"La pression est telle que la direction de l'ANC se doit de prendre une décision", a estimé l'analyste Somadoda Fikeni sur la chaîne d'information eNCA.
"Si elle ne le fait pas, elle va céder l'initiative à ses alliés, à certaines factions de l'ANC, à l'opposition et à la société civile, qui seront créditées d'avoir poussé le président vers la sortie."
Mais M. Ramaphosa se heurte à deux obstacles de taille pour obtenir le départ anticipé du président, dont le second mandat expire en 2019: l'obstination du chef de l'Etat, qui s'accroche au pouvoir, et les divisions de l'ANC.
Le 4 février, M. Zuma a exclu de démissionner, malgré l'appel pressant de la direction de son parti.
Dans les négociations en cours, il tenterait d'obtenir l'immunité pour les nombreuses affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué, ainsi qu'à obtenir la prise en charge de ses frais de justice, ont rapporté les médias locaux.
Dimanche, M. Ramaphosa a toutefois exclu tout passe-droit pour le président, rappelant que "ceux qui sont corrompus et ont volé l'argent des pauvres seront jugés".
Le patron de l'ANC a cependant reconnu que son parti émergeait d'une période de "désunion et de discorde".
Même si la fin de son règne semblait proche, le président Zuma reste soutenu par un carré de fidèles.
"Ils ont atteint le pic de leur carrière politique, certains sont visés par des plaintes (...), ils sont animés par leur seul instinct de survie", a résumé Somadoda Fikeni.
L'autorité du président Zuma a commencé à vaciller depuis l'élection en décembre de M. Ramaphosa qui lui a succédé à la tête de l'ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis l'avènement de la démocratie en 1994.
Mais l'actuel vice-président n'a toujours pas réussi à écarter l'actuel président, condition à ses yeux incontournable pour redorer le blason du parti avant les élections générales de 2019.
Le blocage actuel a commencé à ternir la réputation de M. Ramaphosa, dont l'autorité est déjà mise en cause.
"Zuma détient toujours le pouvoir", a égratigné lundi le chef de l'opposition, Mmusi Maimane. "Le fait qu'il (Ramaphosa) qu'il veuille toujours négocier une amnistie avec Zuma montre qu'il existe un appétit pour la corruption au sein de l'ANC", a déploré M. Maimane dans un entretien à l'AFP.
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