Ce rapport, publié lundi, fait suite à une mission confiée cet automne par le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer au mathématicien Cédric Villani, qui est aussi député La République en Marche, et à Charles Torossian, inspecteur général de l'Education nationale.
Le document liste 21 mesures pour améliorer le niveau en mathématiques des élèves français et faire aimer cette discipline, qui "occupe en effet une place à part dans les parcours scolaires".
"Les 21 mesures ont vocation à être suivies d'effet", a commenté lors d'une conférence de presse Jean-Michel Blanquer, plaidant pour "davantage d'ambition pour les mathématiques, pour tous les élèves français".
Cette discipline mal-aimée est en effet devenue la matière reine pour accéder aux meilleures écoles et "son poids symbolique dépasse largement son poids réel". Le rapport note que cette "domination" exerce "un sentiment d'autodépréciation très répandu, chez les élèves comme chez les adultes" et que dès 7 ans, "des élèves se déclarent déjà +nuls en maths+".
Après avoir auditionné quelques centaines de personnes pendant trois mois et reçu plus de 1.000 contributions, "on s'est rendu compte que la situation était encore plus grave que ce qu'on imaginait", a déclaré Cédric Villani. "Il convient d'y remédier au plus vite".
Dans leur rapport, les deux auteurs ne proposent pas de "recette miracle" mais préconisent un ensemble de mesures, en insistant notamment sur l'amélioration de la formation des enseignants.
Peu de professeurs des écoles se sentent en effet à l'aise avec les mathématiques, beaucoup d'entre eux étant issus de filières littéraires.
Jeux et concours
Le rapport préconise d'intégrer dès 2018 un volume d'enseignements dédié aux disciplines fondamentales, dont les mathématiques, à la formation initiale des instituteurs.
Il s'agit aussi de développer la formation continue en nommant des "référents mathématiques" dans chaque collège ou lycée, pour favoriser le travail en équipe.
Le rapport suggère également de proposer à toutes les écoles un équipement de base, accompagné de tutoriels, qui favorise la manipulation d'objets réels ou virtuels. Il faudrait aussi développer les automatismes de calculs à tous les âges "par des pratiques rituelles" ("calcul mental et intelligent", répétitions...) et "cultiver le sens des quatre opérations dès le CP".
"Les maths, ce ne sont pas uniquement des formules compliquées mais aussi des choses très simples qu'on peut faire avec des enfants de 6 ans", a plaidé Charles Torossian.
Les auteurs du rapport conseillent de lancer dès l'an prochain des évaluations de méthodes ayant fait leur preuve à l'étranger comme celle, fréquemment citée, de Singapour.
"Dans les méthodes comme celles de Singapour, on commence par de la manipulation et de l'expérimentation, on continue en nommant les choses et ensuite on est prêt à passer à l'abstraction", a expliqué M. Villani. S'il n'y a pas d'enseignants suffisamment formés, elle ne peut fonctionner, a-t-il toutefois insisté.
Autre idée: encourager des activités qui renforceront le goût pour les maths, comme des jeux ou des concours, sur le temps périscolaire par exemple.
Les programmes du lycée, qui seront revus dans les mois qui viennent, devraient intégrer une partie de ces recommandations.
"D'autres graines, à semer, produiront leurs effets sur le moyen et long terme", a promis Jean-Michel Blanquer.
Reste la question de l'attractivité du métier de professeur de maths, qui subit actuellement une crise des vocations.
A LIRE AUSSI.
Rapport Villani: 21 mesures pour l'enseignement des mathématiques
En maths et sciences, les écoliers français tout en bas du classement
Claire Voisin, une virtuose des maths médaille d'or du CNRS
Réforme du bac: les premières propositions dévoilées cette semaine
Rentrée: moins d'élèves dans les CP défavorisés, une mesure contestée
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.