Le drame, aux accents patriotiques, raconte un épisode de cette bataille qui a duré 242 jours et s'est soldée par la victoire des séparatistes en janvier 2015.
Malgré cette défaite, les soldats ukrainiens ont été célébrés pour leur ténacité face à l'ennemi et ont reçu le surnom admiratif de "cyborgs", les robots à apparence humaine des oeuvres de science-fiction.
L'aéroport de Donetsk, grande ville industrielle dans l'est de l'Ukraine, avait été entièrement reconstruit pour accueillir des matchs du Championnat d'Europe de football en 2012. Deux ans plus tard, ses terminaux flambant neufs ont été réduits en ruines à la suite du déclenchement du conflit armé entre les forces de Kiev et les séparatistes prorusses.
Lorsque les rebelles prennent le contrôle de Donetsk, les soldats ukrainiens investissent l'aéroport. Commence alors une bataille qui va durer plus de huit mois. Les forces ukrainiennes, regroupant membres de l'armée régulière et volontaires, sont terrées dans ce qui devient peu à peu un champ de ruines, faisant face à des attaques de chars et des bombardements incessants, avec un soutien logistique limité de Kiev.
Financement de l'Etat
"On cherchait à faire un portrait collectif de l'Ukrainien en guerre", explique à l'AFP le réalisateur Akhtem Seïtablaïev, 45 ans, qui ne cache pas ses sympathies pour ceux qui se sont battus contre les séparatistes pro-russes.
L'envie de tourner ce film lui est venue, dit-il, en découvrant que de nombreuses personnes qui jouissaient jusqu'alors d'une vie confortable avaient choisi de risquer leur vie en partant combattre comme volontaires.
"J'ai eu l'honneur de rencontrer pas mal de ces hommes qui défendent notre pays les armes à la main et grâce auxquels j'ai la possibilité de me réveiller tous les jours, d'embrasser mes enfants et de faire du cinéma", assure-t-il.
Pour M. Seïtablaïev, la détermination des volontaires ukrainiens partis combattre de leur propre gré dans l'Est, qui a contrasté avec la démoralisation et le manque de préparation de l'armée régulière au début du conflit, "peut contribuer à la naissance d'une nouvelle nation politique" dans ce pays, souvent dénoncé pour la corruption de ses élites.
Depuis sa sortie en décembre, le long-métrage a rapporté 22,2 millions de hryvnias (640.000 euros) au box-office, ce qui en fait le plus gros succès parmi les films réalisés avec un financement de l'Etat, lequel a assumé la moitié du budget total de "Cyborgs".
Le film raconte le quotidien d'un groupe de militaires professionnels et de volontaires (instituteurs, ingénieurs, étudiants...) qui apprennent à combattre ensemble dans des conditions difficiles, confrontés au manque d'eau, de nourriture et de munitions.
Selon plusieurs estimations, près de 200 soldats ukrainiens et jusqu'à 800 séparatistes sont morts dans le siège de l'aéroport de Donetsk.
'Réaliste'
Le ministère de la Défense a fourni une partie du matériel, notamment des tanks, pour le tournage de ce film. Certains combattants ont inspiré des personnages ou travaillé comme consultants auprès de la production.
L'un des héros du film, un commandant répondant au nom de guerre de Serpen ("Août"), est inspiré notamment d'Andriï Charaskine, 40 ans, un acteur parti combattre en tant que volontaire.
Dans une scène forte en émotion, des soldats retranchés dans les ruines de l'aéroport téléphonent à leurs proches en attendant une attaque d'ampleur de l'ennemi. "Nous avons alors vraiment dit adieu à nos proches. Nous avons téléphoné à nos familles pour leur parler une dernière fois", se rappelle M. Charaskine sur sa page Facebook.
A Kiev, à la fin d'une séance dans un cinéma plein à craquer, certains spectateurs ne retenaient pas leurs larmes. "A ma grande surprise, j'ai aimé le film. D'habitude, les films de guerre ont un côté propagandiste, mais celui-là est vraiment réaliste", a déclaré à l'AFP Kateryna Esmanova.
"Cyborgs" souligne le rôle présumé de Moscou dans le conflit dans l'Est, qui a fait plus de 10.000 morts depuis son déclenchement en avril 2014. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir militairement et financièrement les séparatistes ukrainiens, ce que Moscou a toujours nié.
"Cette guerre est un choix de civilisation entre un passé soviétique et, j'espère, un avenir européen" pour l'Ukraine, estime le réalisateur, Akhtem Seïtablaïev.
A LIRE AUSSI.
Trois ans de guerre dans l'Est de l'Ukraine, aucune paix en vue
Dans l'est de l'Ukraine, retour à "l'âge de pierre" sans réseau mobile
Ukraine: nouvelles victimes dans l'est, Washington condamne Moscou
Ukraine: deux ans après les accords de paix, la guerre couve toujours
Echange massif de prisonniers entre Kiev et les séparatistes
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.