Effectué il y a cinq mois en violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, ce test, le plus puissant effectué à ce jour par le Nord, avait fait grimper les tensions sur la péninsule à des sommets.
La vitesse du rapprochement intercoréen opéré depuis le début de l'année à la faveur des "Jeux de la Paix" de Pyeongchang a certes été extraordinaire. Mais la question est de savoir ce qu'il en restera passée la trêve olympique, estiment des experts.
Le Nord a contre toute attente accepté d'envoyer des sportifs, des artistes et même des pom-pom girls au Sud, alors que les deux pays sont toujours techniquement en guerre.
Et sa délégation officielle est emmenée par Kim Yong Nam, officiellement le chef de l'Etat et à ce titre le plus haut responsable nord-coréen ayant jamais foulé le sol sud-coréen.
La vedette de la délégation est toutefois Kim Yo Jong, la soeur du numéro un Kim Jong Un, qui a formellement invité le président sud-coréen Moon Jae-in à se rendre au Nord.
Une offre qui place l'ex-avocat face à un dilemme: accepter l'invitation et s'aliéner Washington ou la refuser et enterrer un rêve de paix qui est le combat d'une vie.
Moon n'est 'pas un idiot'
"L'initiative olympique vise probablement à accroître le fossé évident entre les Etats-Unis et la Corée du Sud", écrivait sur Twitter Robert Kelly, de l'Université nationale de Busan.
Washington exige que Pyongyang prenne des mesures concrètes en vue de sa dénucléarisation avant toutes discussions. Et le président américain Donald Trump a multiplié les déclarations belliqueuses et les insultes à l'égard de M. Kim qui répliquait par la surenchère.
M. Moon, dont les parents avaient fui le Nord pendant la Guerre de Corée (1950-1953), a été élu en prônant le dialogue pour désamorcer la crise.
Mais force est de constater que la magie olympique ne fait pas tout: seuls quelques rangs le séparait de la délégation nord-coréenne pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux vendredi, mais le vice-président américain Mike Pence ne les a pas franchis.
Pas plus qu'il n'a applaudi le tour de piste de la délégation unique de la Corée sous la bannière de la péninsule réunifiée.
Pour M. Kelly, la relation entre Séoul et les Etats-Unis, qui ont 28.500 militaires au Sud, n'est pas compromise.
"Elle a eu des hauts et des bas beaucoup plus graves que la +diplomatie cosmétique+ des +Jeux de la propagande+", explique-t-il.
Et M. Moon, à l'en croire, "ne se laissera pas embobiner par quelques médailles de l'équipe unifiée ou un voyage à Pyongyang".
"C'est un libéral, pas un idiot ni un traître", ajoute M. Kelly.
Mission quasi impossible
Le président sud-coréen a du reste esquivé une réponse immédiate à l'invitation, selon son porte-parole Kim Eui-kyeom, demandant que soient créées "les bonnes conditions" pour une telle visite et appelant le Nord à rechercher plus activement un "dialogue absolument nécessaire" avec Washington.
Il y a déjà eu deux sommets intercoréens ainsi que des événements culturels ou sportifs conjoints. Mais ils n'ont pas dissuadé Pyongyang de poursuivre sa course à l'arme atomique.
Pour obtenir la participation du Nord aux JO, le Sud a notamment persuadé Washington de retarder des manoeuvres conjointes, sources chaque année de la colère de Pyongyang, qui les voit comme la répétition d'une invasion.
Que se passera-t-il cette année quand ces exercices auront lieu après les jeux Paralympiques?
La Corée du Nord est une négociatrice redoutable qui a toujours justifié ses programmes balistique et nucléaire par la menace que Washington fait peser sur la survie même de son régime. En d'autres termes, la bombe atomique est son assurance-vie.
Jeudi, à la veille de l'ouverture des Jeux, Pyongyang l'a réaffirmé avec un défilé militaire monstre au cours duquel le régime a exhibé des missiles qui sont selon lui capable d'envoyer une charge nucléaire sur le sol continental américain.
Sortir Pyongyang et Washington de l'impasse est mission quasi impossible pour Séoul, estime Kim Byung-yeon, professeur à l'Université nationale de Séoul.
"Pour l'instant, le Nord demande un prix trop élevé et les Etats-Unis ne sont pas prêts à le payer", a-t-il expliqué au quotidien JoongAng Ilbo.
"Si l'intermédiaire insiste trop pour essayer de convaincre les deux parties alors que l'écart est simplement trop grand, tout ce qu'il récoltera, ce sera des critiques des deux parties."
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