Sous un froid soleil perçant à travers les nuages, les manifestants venus parfois de loin ont commencé à défiler dans le calme à l'appel d'associations antifascistes, d'ONG, de syndicats mais aussi de quelques formations politiques de gauche.
Beaucoup agitaient des drapeaux de leur mouvement, en chantant "Bella ciao" et d'autres classiques de l'antifascisme, mais certains avaient aussi apporté des drapeaux italiens.
"L'ambiance est lourde en Italie en ce moment et ces dernières années nous avons permis à la droite de se développer. J'ai toujours manifesté mais maintenant nous en avons plus besoin que jamais", a déclaré à l'AFP Mafalda Quartu, une retraitée venue de Florence.
"S'il y a des chômeurs, c'est la faute du gouvernement, pas des migrants", ont scandé les manifestants.
Le maire de Macerata, Romano Carancini (centre-gauche), avait demandé l'annulation de tous les rassemblements pour laisser la ville souffler, mais la préfecture a donné son feu vert vendredi soir pour celui de samedi, à condition que le cortège longe les murs de la ville, sans pénétrer dans le centre historique.
Par crainte de débordements, les écoles sont restées fermées, la messe du samedi soir a été annulée et la plupart des commerces ont fermé à la mi-journée. Le dispositif policier était discret, même si un hélicoptère survolait la ville.
Jeudi soir, des heurts ont éclaté quand plusieurs dizaines de militants du groupuscule d'extrême droite Forza Nuova ont manifesté contre l'immigration et adressé le salut fasciste à la police.
'Crève'
Giuliano Denti, un jardinier de 40 ans venu de Pise avec une centaine de militants antifascistes pour manifester samedi, s'est emporté contre l'incident.
"Nous avons une Constitution antifasciste par excellence et je voudrais que cette Constitution soit défendue et que les lois contre l'apologie du fascisme soient appliquées", a-t-il déclaré.
Gennaba Diop, une jeune femme de 23 ans d'origine sénégalaise qui est née et a grandi à Macerata, est venue avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire: "Ma couleur n'est pas un crime".
"Il y a beaucoup de tension et de racisme ici, les gens vous regardent bizarrement tout le temps. Ce n'est pas vrai que tout le monde est intégré", a-t-elle déclaré.
"L'autre jour, les gens de Forza Nuova m'ont dit +crève+. Je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas réussi même en me tirant dessus avec un pistolet.
Il y a une semaine, Luca Traini, un jeune homme au crâne rasé et aux tatouages d'inspiration fasciste, a tiré sur une dizaine d'Africains à travers la ville, faisant au moins six blessés.
Il a affirmé avoir agi pour venger la mort de Pamela Matropietro, une jeune fille de 18 ans dont le corps a été retrouvé découpé en morceaux, après l'annonce de l'arrestation d'un dealer nigérian soupçonné d'être impliqué dans ce crime.
Deux autres Nigérians ont été arrêtés depuis et le procureur a annoncé samedi devant des médias que l'enquête était "close" et qu'il s'agissait probablement d'un homicide volontaire, alors que la thèse d'une overdose avait été évoquée.
A trois semaines des élections législatives du 4 mars, ce fait divers et la fusillade raciste ont remis l'immigration au coeur d'une campagne désormais dominée par des discours très à droite.
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