Les trois sœurs, De la nocivité du tabac, La nuit avant le jugement, La demande en mariage et Affaire manquée sont autant de pièces ou de récits d'Anton Tchekhov dont Sergeï Vladimirov a choisi de mettre en scène des extraits dans cette compilation baptisée Noces et comédies, à découvrir à L'écho du Robec du 23 au 25 février. Le metteur en scène répond à nos questions :
Comment avez-vous sélectionné ces extraits? sur quels critères?
"Lorsque le directeur de l'écho du Robec Daniel Deprez m'a proposé de mettre en scène ce spectacle, il m'a laissé carte blanche pour la sélection des textes. Or, ce qui m'intéresse chez Tchekhov ce sont les troubles, les hésitations, les instants de grâce qui se produisent au moment où deux êtres se rapprochent. Le nom du spectacle reflète bien cela. Parmi les textes choisis, De la nocivité du tabac parle d'une relation de couple vieillissante après 33 ans de mariage mais la plupart se concentrent sur les débuts de la relation comme La demande en mariage. Certains textes qui peuvent être interprétés de manière tragique chez les uns sont traités ici sous la forme d'une comédie."
Comment peut-on interpréter du Tchekhov?
"On peut radicalement changer le sens des textes de Tchekhov par l'interprétation. Son écriture est exceptionnelle pour cette raison, elle est très ambiguë et cela explique pourquoi Tchekhov a été si souvent mis en scène, plus que Shakespeare lui-même. Chaque mise en scène de Tchekhov offre quelque chose de nouveau. Certains metteurs en scènes préfèrent traiter la pièce sous un angle psychologique, mais j'ai plutôt choisi d'utiliser les structures ludiques. Le ton léger change radicalement la couleur du texte : c'est espiègle et jubilatoire!"
Tchekhov donne-t-il des indications sur la façon d'interpréter le texte?
"Oui, il donne quelques indications de jeu. Au théâtre d'art de Moscou Constantin, Stanislavski avait pris le parti d'une approche psychologique. On sait que Tchekhov avait exprimé son mécontentement et s'était senti trahi par cette approche. Alors selon moi, si le texte devait être joué autrement, il devait l'être de manière ludique. C'est également l'avis d'Anatoli Vassiliev avec qui j'ai collaboré à la Comédie Française et à l'Odéon qui soutient la thèse du metteur en scène russe Maria Knebel. Ainsi dans La nocivité du tabac, l'homme soumis à sa femme pourrait dans la version psychologique être une tragique victime. J'en fais un mari heureux d'être soumis."
Quel parti pris avez-vous choisi pour la mise en scène?
"J'utilise un rideau Brechtien : c'est un rideau qui cloisonne la scène et permet au spectateur d'imaginer les décors. Peu de moyens suffisent en fait à suggérer les lieux de ces cinq histoires distinctes. Il y a simplement quelques meubles qui habitent l'espace scénique : méridienne, chaises et tables. Mais surtout, en plus des cinq comédiens sur scène, une chanteuse et une danseuse viennent compléter la scénographie, ce qui contribue à l'originalité de ma mise en scène."
Vendredi 23 et samedi 24 février à 20h30, dimanche 25 février à 16h30. L'écho du Robec à Darnétal. Tarifs 8 à 16€. www.echodurobec.com
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