Après deux semaines d'audience, la tâche s'annonce ardue pour les jurés - exclusivement féminins - qui doivent se contenter d'hypothèses en l'absence du corps, que les accusés disent avoir enterré dans un bois près de Clermont-Ferrand mais qui n'a jamais été retrouvé.
Les débats n'ont pas permis de démêler le vrai du faux dans les dires de Cécile Bourgeon, 30 ans, et Berkane Makhlouf, 36 ans, ni de déterminer la responsabilité de chacun dans la mort de l'enfant de cinq ans. Au début de l'affaire, tous deux avaient fait croire pendant des mois à un enlèvement.
Même les experts ont rendu les armes: "je mets au défi quiconque de comprendre la vérité de Cécile Bourgeon", a déclaré devant la cour la psychologue Hélène Dubost, perplexe face à cette personnalité "caméléon".
En première instance en 2016, devant la cour d'assises du Puy-de-Dôme, la jeune femme avait été acquittée des faits criminels - les coups fatals à Fiona - et condamnée à cinq ans de prison pour avoir menti à son sujet. Son ex-compagnon avait écopé de 20 ans de réclusion pour l'ensemble des faits.
Mais au fil de ce procès en appel, recommencé le 29 janvier après une audience avortée en octobre, l'image de cette mère toxicomane qui n'était pas intervenue après avoir constaté des traces de coups sur sa fille, s'est écornée.
D'abord jugée "fragile" et même "sincère", la jeune femme est apparue cassante, voire insolente, s'agaçant vite des questions des parties civiles. Au point de boycotter les débats durant deux jours, tandis que ses avocats tentaient - en vain - d'obtenir un renvoi autour d'une sombre histoire d'apéritif pris par le président de la cour, Étienne Fradin, et certains conseils.
Pas d'électrochoc
Depuis le premier procès en 2016, 25 jours d'audience cumulés n'ont rien apporté de nouveau, ou presque, sur les faits eux-mêmes. A peine Cécile Bourgeon a-t-elle reconnu, à demi-mot, que la fillette ne serait pas morte par accident en ingurgitant des stupéfiants, une thèse avancée un temps par la défense, confortant ainsi celle de la maltraitance.
Les débats, pas toujours maîtrisés, n'ont jamais ébranlé les anciens partenaires, qui ont continué de s'affronter sans faire de révélations, faisant fi de leurs nombreuses contradictions.
Cachent-ils une autre vérité ? Deux gendarmes, cités par l'avocate d'une association de protection de l'enfance, Me Marie Grimaud, ont évoqué un "indic" de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas rapportant des propos de Cécile Bourgeon, selon lesquels la petite fille aurait été "violée" par un membre de la famille, puis "brûlée".
"Vous ne voyez pas où votre silence nous mène ? Vous ne voyez pas qu'à taire la vérité, on en arrive à s'imaginer des choses encore pires que celles qui se sont passées ?", tente alors un autre conseil des parties civiles, Me Rodolphe Costantino. Mais l'électrochoc reste sans effet.
"Si vous essayez de me mettre en difficulté, vous n'y arriverez pas !", rétorque même Cécile Bourgeon à une autre avocate, qui l'interroge sur l'absence de traces ADN sur un pyjama de Fiona.
Nicolas Chafoulais, le père de Fiona qui a livré un témoignage poignant vendredi, n'a pas davantage réussi en se faisant le porte-voix de leur autre fille, dont il a la garde: "elle demande où est sa sœur, que tu dises où elle est et pourquoi t'as fait ça!", a-t-il lancé.
Avant de s'emporter: "Bourgeon, ses enfants, qu'on sache où est Fiona, elle n'en a rien à +foutre+! La seule chose qu'elle ne veut pas, c'est passer 20 ou 30 ans en prison".
Les parties civiles plaideront samedi, avant le réquisitoire de l'avocat général et les plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu tardivement en soirée ou dans la journée de dimanche.
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