Kim Yong Nam, 90 ans ce mois-ci, a servi sous les trois générations de la famille qui dirige la Corée du Nord depuis 70 ans, survivant aux purges qui saignent épisodiquement le Parti des travailleurs au pouvoir.
Le leader nord-coréen Kim Jong Un a fait exécuter son oncle Jang Song Thaek pour trahison en 2013. Son demi-frère a été assassiné à l'aéroport de Kuala Lumpur l'an dernier. Mais Kim Yong Nam, qui n'appartient pas à la famille proche des Kim, a toujours réussi à échapper à de telles issues fatales.
Pour les experts de la Corée du Nord, cette aptitude à la survie, Kim Yong Nam la doit autant à son habileté qu'à son dévouement.
"Il n'a jamais été considéré comme une menace pour le régime", explique Yang Moo-jin, de l'Université des études nord-coréennes. "C'est un technocrate affable qui suit fidèlement les directives du leader."
Au Sud, des experts l'ont surnommé "Magnétophone", sourit-il, "car il répète souvent comme un perroquet ce que dit le dirigeant suprême".
Kim Yong Nam emmène la délégation officielle nord-coréenne aux jeux d'hiver de Pyeongchang. Il est notamment accompagné de Kim Yo Jong, la jeune soeur de Kim Jong Un, qui passe cependant pour la véritable cheffe de la délégation.
Ses troisièmes JO
En tant que président du présidium de l'Assemblée populaire suprême - le Parlement contrôlé par le parti unique - il occupe les fonctions honorifiques de chef de l'Etat et est devenu par conséquent le plus haut personnage nord-coréen à fouler le sol sud-coréen.
Mais on mesure mal son influence politique réelle, s'il en a une.
Il a beau signer les lettres de créance pour les diplomates nord-coréens et recevoir les émissaires étrangers, c'est bien Kim Jong Un qui est le Leader suprême du régime et qui a autorité sur le Parti des travailleurs de Corée dont il est le président.
La fonction officielle de Kim Yong Nam fut particulièrement utile au père de Kim Jong Un, Kim Jong Il, qui était connu pour éviter les contacts avec les dignitaires étrangers.
"Il n'est pas un politique, mais le technocrate type qui a passé des décennies à gérer les relations internationales", observe M. Yang.
Toutefois, dès que les médias officiels annoncent à telle ou telle cérémonie au Nord la liste des dignitaires présents, le nom de "Kim Yong Nam arrive toujours juste après Kim Jong Un".
"Cela signifie qu'il est le numéro deux dans la hiérarchie du parti", explique-t-il.
A en croire le ministère sud-coréen de l'Unification, Kim Yong Nam est né en février 1928 à Pyongyang.
Il a étudié à l'Université Kim Il Sung puis obtenu en 1953 un diplôme en relations internationales à l'Université de Moscou. Il entre ensuite au département des affaires internationales du Comité central du parti et commence à en gravir les échelons pour en devenir le chef en 1972.
Il a fait toute sa carrière à Pyongyang et le fondateur du régime, Kim Il Sung, le nomme ministre des Affaires étrangères en 1983.
Il est élevé sous Kim Jong Il à ses fonctions actuelles en 1998.
Il rencontrera samedi son troisième président sud-coréen, Moon Jae-in, lors d'un déjeuner, après avoir rencontré ses prédécesseurs Kim Dae-jung puis Roh Moo-hyun lors des deux sommets intercoréens de 2000 et 2007.
Les jeux de Pyeongchang seront en outre ses troisièmes, après ceux de Pékin en 2008 et de Sotchi en 2014.
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