Dix mois après son arrivée place Beauvau, le ministre de l'Intérieur s'exprimera à 15H00 devant de nombreux élus et membres de forces de sécurité à l'Ecole militaire, à Paris. Mais, avant même cette grand-messe, il a donné les grandes lignes de la PSQ.
"C'est surtout une méthode de travail, un nouvel état d'esprit pour l'ensemble des forces", a-t-il indiqué dans un entretien au Monde, promettant une "plus grande présence sur le terrain" pour policiers et gendarmes.
D'ici à janvier 2019, trente quartiers difficiles bénéficieront ainsi de "moyens supplémentaires" - un renfort de 15 à 30 policiers à chaque fois -, sans pour autant que soient constituées de nouvelles brigades spécialisées.
Ces quartiers de "reconquête républicaine" sont ciblés en zone police: entre autres, Trappes (Yvelines), Gros Saule à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le Mirail à Toulouse, le Neuhoff à Strasbourg ou les quartiers nord de Marseille.
En zone gendarmerie, 20 départements (essentiellement en Auvergne-Rhône-Alpes et dans l'ouest de la France) disposeront de 500 renforts. Le ministre veut porter le nombre de "brigades de contact" à 250 unités d'ici la fin 2018: expérimentées depuis mars 2017 par la gendarmerie, elles visent aussi à assurer une plus grande proximité avec la population.
Proclamant la "fin de la politique du chiffre", le ministre de l'Intérieur propose même "que ce soient les Français qui évaluent leur police, pas uniquement des séries statistiques". Il évoque ainsi le recours à des enquêtes de satisfaction.
Pour apaiser les relations parfois tendues entre police et population, en particulier les jeunes, M. Collomb a annoncé en outre, dans un entretien au site du Point, que le nombre de caméras-mobiles ou caméras-piétons - accrochées sur le torse de l'agent en patrouille - dispositif lancé sous le précédent quinquennat, serait multiplié par quatre pour atteindre 10.000 chez les forces de l'ordre d'ici à 2019.
Ce dispositif constitue une alternative à la délivrance de récépissés lors des contrôles d'identité. Ces récépissés sont pourtant réclamés par les associations de défense des libertés.
Le ministre a également précisé que 60.000 tablettes numériques et smartphones seraient confiés aux gendarmes d'ici à 2020, ainsi que 50.000 chez les policiers, pour un accès rapide et direct aux fichiers de la délinquance.
"Affaire Théo" et grogne policière
La PSQ, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, est née dans le contexte brûlant de "l'affaire Théo" - le viol présumé à la matraque d'un jeune homme lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois - et du mouvement de grogne des policiers après une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre 2016.
En octobre dernier, le chef de l'Etat promettait une "nouvelle doctrine, qui constituera notre référence en matière de sécurité publique pour les années à venir".
Avec une volonté: ne pas ressusciter la police de proximité, cette "pol prox" devenue le symbole de l'échec de la politique sécuritaire du gouvernement Jospin et un épouvantail pour la droite.
Mais, si elle affirme des principes et dégage des moyens, la PSQ recycle aussi des mesures déjà lancées.
Ces derniers mois, elle a d'ailleurs suscité chez les élus et les forces de l'ordre autant d'attentes que d'interrogations.
Des dizaines de communes (Aulnay-sous-Bois, Lille, Grenoble, Toulouse, etc.) se sont portées candidates, avec bien souvent l'espoir de glaner des effectifs supplémentaires au regard des 10.000 créations de postes annoncées.
Au sein des forces de l'ordre, d'aucuns craignent que les annonces ministérielles ne se limitent notamment à labelliser "PSQ" des mesures ou chantiers déjà actés, comme la forfaitisation des amendes pour consommation de cannabis.
Pour les syndicats policiers, les grandes ambitions ont déjà été mises à mal par une concertation en pointillés.
Gérard Collomb fait au contraire valoir l'envoi d'un questionnaire aux 250.000 policiers et gendarmes. Quelque 70.000 y ont répondu pour réclamer, sans surprise, moins de contraintes administratives et plus de travail de terrain.
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