"L'élection présidentielle est convoquée pour le 22 avril 2018", a déclaré la présidente du CNE, Tibisay Lucena, lors d'une allocution diffusée par la télévision officielle vénézuélienne. La campagne électorale aura lieu du 2 au 19 avril.
L'annonce est intervenue après l'échec des négociations entre le gouvernement et l'opposition sur la date de ce scrutin.
La délégation du gouvernement et celle de la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition, négociaient depuis deux mois à Saint-Domingue pour tenter de parvenir à un accord sur plusieurs sujets dont la date de la présidentielle et les modalités du scrutin.
La date choisie n'est pas une surprise. En annonçant l'échec des négociations entre le gouvernement et l'opposition, le président dominicain Danilo Medina avait indiqué que les deux parties s'étaient mises d'accord mardi sur la date du 22 avril.
Mais la MUD a présenté mercredi des observations sur le texte, a déclaré M. Medina, et la signature prévue n'a pas pu avoir lieu.
Lors d'un rassemblement de ses partisans à Caracas, M. Maduro a fustigé la décision de la MUD de ne pas signer et a affirmé qu'elle avait été prise sur instruction des Etats-Unis.
Convocation 'unilatérale'
Devant les caméras de télévision, il a apposé son paraphe sur une copie du texte. "Que l'accord soit appliqué dans toutes ses parties. Je tiens ma parole, j'ai signé", a-t-il lancé.
Auparavant, le principal négociateur de la MUD, Julio Borges, a appelé en vain le pouvoir à ne pas commettre "l'erreur absurde de convoquer des élections de manière unilatérale".
"Maduro n'est pas le propriétaire de la démocratie au Venezuela, ce sont les Vénézuéliens qui le sont et ils doivent être respectés", a dit M. Borges.
Selon lui, les observations présentées par l'opposition sur le document qu'elle n'a finalement pas signé visaient notamment à garantir "des élections libres".
A la suite de l'échec des négociations, le Chili a annoncé dans un communiqué qu'il suspendait indéfiniment sa participation au dialogue entre le gouvernement et l'opposition vénézuéliens.
Le ministère chilien des Affaires étrangères "a profondément regretté" l'absence d'accord entre les deux parties. "Les conditions minimales pour une élection présidentielle démocratique et une normalisation institutionnelle n'ont pas pu être l'objet d'un accord", a-t-il dit.
Le ministère chilien a souligné "la nécessité que soit restauré l'ordre démocratique constitutionnel au Venezuela et que soit traitée en urgence la crise sociale et humanitaire" que connaît le pays.
Malgré un taux d'impopularité mesuré à 70% lié à cette grave crise, caractérisée par l'hyperinflation et par le manque de produits alimentaires et de médicaments essentiels, M. Maduro a de bonnes chances d'être réélu, selon des analystes.
Solide appui institutionnel
Il bénéficie en effet d'un solide appui institutionnel, en particulier celui des militaires, d'une forte politique de subventions et du fait que l'opposition est divisée et affaiblie.
Celle-ci n'a pas encore décidé si elle ira à la présidentielle avec un candidat unique ou avec plusieurs candidats, et même si elle participera au scrutin.
Dans le scénario actuel, "c'est clairement la victoire de Maduro qui se dessine", estime la politologue Francine Jacome. Elle souligne à l'AFP que l'opposition manque d'une vraie direction, ses principaux dirigeants, Leopoldo Lopez et Henrique Capriles, ayant été privés de leurs droits civiques par le pouvoir.
Le jour même de l'annonce de la date de l'élection, M. Maduro a lancé un nouveau mouvement politique qui soutiendra sa candidature.
Le président a présenté ce mouvement, baptisé Somos Venezuela (Nous sommes le Venezuela), lors d'un rassemblement en plein air à Caracas de plusieurs milliers de ses partisans.
M. Maduro ainsi cherche à consolider son identité politique et à se démarquer de ses adversaires au sein du chavisme, la doctrine héritée de son prédécesseur et mentor Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013.
La candidature de M. Maduro à la réélection est aussi soutenue par le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV, au pouvoir) fondé par Hugo Chavez.
"Le PSUV est le parti de Chavez, Somos Venezuela est celui de Maduro", a résumé un expert électoral, Eugenio Martinez.
"Le madurisme est en train de naître. Jusqu'à présent, le discours de Maduro se concentrait sur la volonté de se présenter comme l'héritier de Chavez, et il restait attaché au PSUV et à tous ses symboles. Maduro accède maintenant à sa majorité politique", a commenté Andres Canizalez, un spécialiste de la communication.
Ces derniers mois, M. Maduro a d'ailleurs multiplié les attaques contre des "traîtres" qui existeraient au sein du PSUV.
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