"Police sur mesure", "mieux équipée", "davantage connectée", "plus proche des attentes de nos concitoyens" ou "plus partenariale" : depuis plusieurs semaines, le ministre de l'Intérieur égrène les grands principes de la future "PSQ" sans dissiper le flou qui continue de l'entourer.
Grande réforme de la sécurité publique ou recyclage de mesures déjà actées ? Dix mois après son arrivée place Beauvau, le ministre s'exprimera à 15H00 avec une quinzaine d'autres intervenants et devant de nombreux élus et membres de forces de sécurité, dans le grand amphithéâtre de l'Ecole militaire, à Paris.
Dans l'entourage de M. Collomb, on assure vouloir "bouger les lignes" et "fixer un cap pour les forces de l'ordre pour tout le quinquennat", faisant écho à Emmanuel Macron qui promettait en octobre une "nouvelle doctrine, qui constituera notre référence en matière de sécurité publique pour les années à venir".
Beauvau promet ainsi une nouvelle "approche territoriale", "déconcentrée" mais aussi "des mesures rapides avec des moyens humains, technologiques, matériels renforcés, notamment sur certains territoires".
Le ministre expérimentera-t-il sa réforme dans des sites pilotes comme il l'avait annoncé ? Sous quelle forme? Des dizaines de communes (Aulnay-sous-Bois, Lille, Grenoble, Toulouse, etc.) se sont portées candidates, avec bien souvent l'espoir de glaner des effectifs supplémentaires au regard des 10.000 créations de postes annoncées sur le quinquennat.
Au sein des forces de l'ordre, d'aucuns craignent que les annonces ministérielles se limitent à labelliser "PSQ" des mesures ou chantiers déjà actés - la forfaitisation de la consommation de cannabis ou la création d'un délit punissant le harcèlement de rue - voire préalablement engagées sous le précédent quinquennat, telles que l'utilisation par les forces de l'ordre de tablettes numériques et de caméras mobiles enregistrant leurs intervention ou le développement des brigades de contact en gendarmerie.
"Ca ne peut pas être qu'un label sinon ça ne sera qu'une opération de communication", estime Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). "Si on ne change aucun de nos ingrédients. Comment va-t-on être en mesure de fournir un service de meilleure qualité?" s'interroge-t-elle.
Seule certitude affichée par l'exécutif: la police de sécurité du quotidien ne signera pas le retour de la police de proximité, devenue le symbole de l'échec de la politique sécuritaire du gouvernement Jospin et un punching-ball de choix pour l'opposition de droite.
Concertation en pointillés
Née dans le contexte brûlant de "l'affaire Théo" - le viol présumé à la matraque d'un jeune homme lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) - et du mouvement de mécontentement des policiers après une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre 2016, la PSQ doit permettre de "lutter contre les délits, les nuisances, les incivilités ressenties au quotidien", avait expliqué M. Macron pendant sa campagne.
Le candidat appelait alors à "replacer le service du citoyen au coeur du métier de gendarme et de policier" tout en exhortant les forces de l'ordre à être "fortes et justes", "jamais faibles".
Pour les syndicats policiers, les grandes ambitions de la PSQ ont déjà été mises à mal par une concertation en pointillés.
Gérard Collomb fait au contraire valoir l'envoi d'un questionnaire aux 250.000 policiers et gendarmes auquel quelque 70.000 d'entre eux ont répondu.
Selon lui, les résultats de ce questionnaire ont, sans surprise, fait apparaître le souhait largement partagé au sein des forces de l'ordre de voir disparaître les "tâches indues", d'alléger les contraintes administratives et de simplifier la procédure pénale.
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