Objectif de cet "effort budgétaire inédit", selon les propos du président français Emmanuel Macron : porter les dépenses de défense de la France à 2% du PIB en 2025, selon cette LPM qui sera présenté jeudi en conseil des ministres et dont l'AFP a obtenu les détails.
Le budget des armées, de 34,2 milliards d'euros en 2018, va bénéficier d'une hausse de 1,7 milliard d'euros par an jusqu'en 2022, avant des "marches" de 3 milliards par an à partir de 2023... Soit après la prochaine élection présidentielle.
Cette trajectoire budgétaire ascendante contraste avec les réductions d'effectifs et les tensions financières endurées pendant plus d'une décennie par l'institution militaire, avant un redressement amorcé dans la foulée des attentats de 2015.
"Les précédentes LPM demandaient des efforts aux armées. Cette fois, on demande un effort à la nation pour les armées", fait-on valoir dans l'entourage de la ministre des Armées Florence Parly.
Après quelque 60.000 suppressions d'effectifs entre 2005 et 2015, le ministère ambitionne de créer quelque 6.000 postes civils et militaires d'ici à 2025, dont 3.000 d'ici à cinq ans. Il compte en particulier renforcer les effectifs de la cyberdéfense (1.500 postes) et du renseignement (1.500 postes).
Le budget des sept prochaines années va être consacré en priorité à l'amélioration du quotidien du soldat et à la modernisation d'équipements à bout de souffle, alors que la France est engagée tous azimuts depuis des années, au Sahel (opération Barkhane), au Levant (Chammal) et sur le territoire national (Sentinelle).
Pour améliorer la condition des quelque 200.000 militaires français et les fidéliser, la LPM augmente nettement les crédits consacrés aux petits équipements (+34% sur 2019-23) -- gilets pare-balles de dernière génération, treillis ignifugés... --, à l'entretien du matériel (+30%) et aux infrastructures (+71%). Des budgets traditionnellement négligés.
- 'Armée de référence'
Deuxième grand axe : la modernisation accélérée des matériels existants, nombreux à aligner plusieurs décennies de service, a été privilégiée, et l'accent mis sur les capacités de renseignement (avions, drones, satellites...) susceptibles d'accroître l'autonomie stratégique française.
L'armée de Terre va voir le renouvellement accéléré de ses véhicules blindés médians (programme Scorpion), dont 50% des nouveaux modèles seront livrés d'ici à 2025. Les fameux VAB, 40 ans au compteur, seront remplacés par les blindés Griffon, dont 150 exemplaires supplémentaires seront commandés (pour un total de 936). Seront également commandés 40 chars légers Jaguar de plus que prévu (150 au total).
La Marine obtient quatre pétroliers ravitailleurs de nouvelle génération, dont deux d'ici à 2025, un bâtiment léger spécialisé dans le recueil de renseignement, ainsi que 19 patrouilleurs au lieu de 17, indispensables pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer.
L'armée de l'Air, elle, obtient 8 avions légers de surveillance, et le renouvellement accéléré de sa flotte quinquagénaire d'avions ravitailleurs Boeing KC-135 par 15 A330 MRTT, dont 12 auront été livrés en 2023. Elle bénéficiera aussi de l'arrivée de six drones Reaper supplémentaires, 28 nouveaux Rafale ainsi qu'une cinquantaine d'avions de chasse Mirage 2000 modernisés.
Pour préparer l'avenir, la France va lancer des études sur le remplacement de l'unique porte-avions français, le Charles de Gaulle, qui sera retiré du service à l'horizon 2040. Seront également financées des études sur le développement du prochain standard de l'avion de combat Rafale, sur le système de combat aérien du futur ou encore sur le char de combat du futur.
Sur le plan de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense française, les coûteux travaux de renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) seront engagés au cours du quinquennat. Budget estimé : 37 milliards d'euros entre 2019 et 2025.
"Ces investissements vont permettre à la France de rester l'armée de référence en Europe", assure-t-on au ministère des Armées.
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