Les présidents d'université se sont fait souffler dans les bronches dans un courrier commun en décembre 2017 du président de la Région, Hervé Morin, et de la préfète de Région, Fabienne Buccio. Il leur est reproché en substance de ne pas avoir décroché de subventions du Programme d'investissement d'avenir (PIA) de plusieurs millions d'euros, faute de collaborations suffisantes. Des remontrances qui ont surpris les présidents d'université qui assurent déjà travailler à un projet commun. "Notre plus grand tort est de ne pas communiquer suffisamment, répond Joël Alexandre, président de l'université de Rouen. Sur le PIA notre premier projet est classé 30e, et les 29 premiers ont été subventionnés. C'est frustrant mais ce n'est pas la qualité scientifique de notre travail qui est mise en cause."
Faut-il, pour développer encore les collaborations, parler de fusion ? Tout dépend de ce que l'on entend par ce terme. "Nous devons commencer par le projet avant de parler du statut", explique Joël Alexandre, préférant mettre en valeur ce qui se fait déjà. "Tous nos doctorants sont déjà diplômés de Normandie Université, les publications se font en commun, nous travaillons déjà sur un certain nombre de projets ensemble." Des avancées au compte-gouttes permises par la création de la COMUE en 2014, la Communauté d'universités et d'établissement Normandie université.
Pas de spécialisation des sites
Il n'est pas non plus question pour les présidents d'université de spécialiser les sites et de déplacer les formations, en regroupant le droit dans une agglo par exemple et les sciences dans une autre. "Les formations, en particulier les licences, doivent rester là où elles sont, au plus près de la population", précise Pierre Denise, président de l'université de Caen. "Nous avons un rôle d'aménagement du territoire à jouer, complète Joël Alexandre, surtout lorsque l'on a un territoire qui va de Cherbourg à Verneuil-sur-Avre en passant par le Tréport".
Les deux présidents préfèrent parler de fonctionnement en campus thématique en réseau. Une réflexion qui concerne notamment les masters. "Ils sont liés à la recherche et doivent être au plus près des laboratoires de recherche. Certains masters de recherche sont dupliqués voire tripliqués. Il serait plus logique de fonctionner en réseau, ou même d'être plus localisé", développe Pierre Denise. Le président de l'université caennaise plaide aussi pour un programme d'investissements ambitieux pour accompagner cette réorganisation.
Il n'y aurait donc pas de "grand soir de la fusion", selon les mots de Joël Alexandre, mais des avancées qui se construisent dans le temps. "On continue en travaillant ensemble en mode projet". Le dernier en date : un collégium santé Rouen-Caen pour repenser l'intégration des formations paramédicales (infirmiers, aides-soignants, kiné). "Les enseignants caennais et rouennais vont participer à l'offre de formation en collaboration, sans concurrence ou sans décider ce qui dépend de Caen ou de Rouen", conclut Joël Alexandre en promettant que la bataille de clochers entre les universités n'est qu'un fantasme.
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