Partie d'Orsay (Essonne) mardi à 17H00, cette automobiliste de 45 ans a dû passer la nuit dans sa voiture et attendre mercredi matin pour rejoindre un gymnase à Bièvres, ouvert pour accueillir les automobilistes en déroute.
Les traits tirés et le visage livide, plusieurs centaines de naufragés de la nationale 118 étaient assis dans les gradins ou allongés sur des lits de camps, certains emmitouflés dans des couvertures de survie, alors que des militaires et des bénévoles distribuaient boissons chaudes et nourriture.
Sur le bitume, dans la nuit, "on n'a vu personne", s'énerve Sybille. "Pas de policiers, ils étaient dans leur voiture bien au chaud, pas de pompiers, personne de la Dirif (Direction des routes Ile-de-France, ndlr) et une seule saleuse". "Des gens se sont improvisés maraudeurs avec leur gilet jaune et nous ont donné des conseils", raconte-t-elle.
Martial Wiltouck, 38 ans, a ainsi constitué une équipe avec trois autres automobilistes pour pousser les voitures et les dégager. "On a poussé toute la nuit, on a aidé à sortir plein de voitures", raconte-t-il d'une voix cassée, notamment une "femme enceinte de 7 mois qui pleurait dans sa voiture". "On avait froid, on était mouillé, c'était la tempête de neige", dit-il.
Au coeur d'une longue nuit d'attente, Carole raconte, elle, avoir fini par faire un malaise à 5H00 du matin. "J'ai paniqué, j'ai appelé les pompiers et ils sont venus en une vingtaine de minutes", précise cette femme de 48 ans, une couverture de survie sur les épaules, inquiète de savoir si elle allait pouvoir récupérer sa voiture.
Après avoir parcouru seulement 5 km en un peu plus de trois heures, Rodrigue Akpadji a été complètement immobilisé vers 21H00 : "Je n'ai pas dormi de la nuit", dit ce professeur d'allemand sur le plateau de Saclay (Essonne). "Je vais souvent en Allemagne et je n'ai jamais vu ça là-bas, même dans la région la plus pauvre ou la plus isolée. Ce genre de choses est inimaginable là-bas. On doit pouvoir anticiper", s'agace-t-il.
Selon la préfecture de police de Paris, entre "1.500 et 2.000 personnes" ont été bloquées dans leur véhicule sur la nationale 118. Près de 900 véhicules étaient encore bloqués mercredi à la mi-journée sur cette route, selon le préfet de police Michel Delpuech.
"Bon courage"
"C'est la nature mais c'est pas normal parce qu'on laisse bloquer toutes les routes, non salées", a aussi pesté auprès de l'AFPTV Antonio De Lemos, qui a passé la nuit "dans (sa) voiture, sans manger". "Est-ce que c'est le gouvernement ? Est-ce que c'est la préfecture ? Je ne sais pas. Il y a encore quelque chose qui ne marche pas", s'est-il ému.
Partie avec des camarades en bus scolaire mardi en fin d'après-midi vers Suresnes (Hauts-de-Seine) pour assister à une conférence dans le nord-ouest de la région, Romane Pellerin "n'est jamais arrivée à destination". "Après trois heures de route sur la N118, on nous a abandonné à 20H00 à Vélizy... Le conducteur du bus nous a dit: +Bon courage+", raconte l'étudiante de 19 ans.
Avec ses amis, la jeune femme a trouvé refuge dans un premier temps au centre commercial de la ville, avant de rejoindre un gymnase du département, à l'ouest de la capitale. "Il y avait des lits, couvertures, boissons chaudes... Mais on a eu très froid même avec les couvertures", dit-elle.
"Les automobilistes se sont retrouvés piégés, pas équipés, et il n'y a pas de bande d'arrêt d'urgence, c'est très étroit", a décrit auprès de l'AFP la préfète de l'Essonne Josiane Chevalier, évoquant une "espèce de nasse où nos services ne pouvaient pas accéder".
A la mi-journée, un corridor de sécurité a été mis en place par les CRS et les pompiers sur la voie encore bloquée de la RN118, et une vingtaine de de navettes acheminaient les automobilistes vers leur véhicule, a précisé la préfète.
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