"Nous avons un contrat de coalition" entre les démocrates-chrétiens (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates du SPD, a annoncé le ministre des Finances et ministre de la Chancellerie, Peter Altmaier, à l'issue d'un dernier round de 24 heures de tractations sans interruption à Berlin.
"Nous sommes satisfaits", a indiqué de son côté Alexander Dobrindt, l'un des principaux négociateurs de la CSU, précisant que les dirigeants des trois partis impliqués dans les négociations, dont Angela Merkel, devraient s'exprimer devant la presse ultérieurement.
Face aux réticences du SPD à s'allier à nouveau avec les conservateurs, ces derniers ont dû faire de nombreuses concessions. Les sociaux-démocrates obtiennent plusieurs ministères-clés, dont celui des Finances, a indiqué une source proche des discussions à l'AFP.
Rupture aux Finances
Cela marque une rupture avec l'héritage du très orthodoxe Wolfgang Schäuble, conservateur et titulaire du poste pendant huit ans jusqu'à fin 2017. Ce ministère devrait revenir à Olaf Scholz, maire de la deuxième ville du pays, Hambourg et figure respectée au sein du SPD, selon les médias.
L'ancien président du parlement européen et dirigeant social-démocrate, Martin Schulz, devrait quant à lui être appelé aux Affaires étrangères, selon les mêmes sources. Une volte-face pour celui qui fin 2017 proclamait encore qu'il ne participerait jamais à un gouvernement d'Angela Merkel. Du coup, selon plusieurs médias, il devrait quitter la présidence du SPD un an seulement après y avoir été élu.
Le SPD pourra compter aussi sur les maroquins du Travail et des Affaires sociales, de l'Environnement et des affaires familiales.
La CSU, l'aile la plus à droite de la famille politique d'Angela Merkel, devrait récupérer le ministère de l'Intérieur. Un gage à l'adresse de l'électorat le plus conservateur. Ce parti n'a cessé depuis deux ans de dénoncer la politique migratoire généreuse de la chancelière.
Angela Merkel n'avait plus droit à l'erreur pour rester au pouvoir. Les élections législatives de septembre, marquées par un repli des partis traditionnels et une percée de l'extrême droite, n'ont pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés.
Après un premier échec pour former une coalition hétéroclite avec les libéraux et les écologistes en novembre, la chancelière, réduite à gérer les affaires courantes depuis octobre et qui a vu son étoile pâlir sur la scène internationale, était dans l'obligation de s'entendre avec le SPD, avec qui elle discutait depuis début janvier.
Les discussions ont longtemps buté sur le niveau des dépenses militaires mais surtout sur la réforme de l'assurance-maladie en Allemagne, pour réduire les inégalités entre médecine publique et privée, et le marché du travail.
Priorité Europe
Le projet de contrat de coalition, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit que le prochain mandat de quatre ans de la chancelière soit placé sous le signe de la relance de l'Europe, au diapason des priorités du chef de l'Etat français Emmanuel Macron.
Il accepte prudemment l'idée française d'un budget d'investissement pour la zone euro et d'une meilleure protection des pays membres face aux crises financières.
Pour entamer son nouveau mandat à 63 ans, la chancelière devra encore franchir un obstacle de taille avec un vote prévu sur le contrat de coalition des quelque 460.000 militants du SPD, dont le résultat est attendu début mars. Et ils sont très divisés sur l'idée même d'une alliance avec la droite, au moment où leur parti ne cesse de plonger dans les sondages.
Pour tenter d'amadouer ses militants, Martin Schulz a obtenu que l'accord de gouvernement inclue une clause de réévaluation au bout de deux ans, une manière de mettre Angela Merkel en sursis dès le début de son mandat.
Un rejet du contrat de coalition mettrait la chancelière face à un choix difficile : former un instable gouvernement minoritaire ou accepter de nouvelles élections, deux scénarios inédits dans l'Allemagne d'après-guerre.
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