D'une intensité rare, ces bombardements interviennent alors que de nouveaux soupçons planent sur l'usage d'armes chimiques, notamment du chlore, par le régime de Bachar al-Assad.
Pour la seule journée de mardi, les frappes contre cette région proche de Damas ont fait 80 morts parmi les civils, a dit l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"C'est la journée la plus sanglante depuis neuf mois dans toute la Syrie, et l'une des plus meurtrières dans la Ghouta orientale depuis plusieurs années", a souligné son directeur, Rami Abdel Rahmane.
Parmi les victimes décédées figurent 19 enfants et 20 femmes, selon la même source, qui a également fait état de près de 200 blessés.
Mercredi, le ciel a de nouveau grondé au-dessus de plusieurs localités, notamment Hammouriyé et Beit Sawa, et 15 civils ont été tués, a indiqué l'OSDH, une ONG qui dispose d'un vaste réseau de correspondants dans le pays.
A Douma, la plus grande ville de la Ghouta, les hôpitaux sont débordés par l'afflux de blessés, a constaté un correspondant de l'AFP.
"S'il vous plait, brisez tous les rassemblements et dégagez les rues", ont lancé les hauts-parleurs des mosquées de la cité.
'Ligne rouge' ?
Avec près de 400.000 habitants assiégés par les forces du régime depuis 2013, la Ghouta orientale est l'une des quatre zones de désescalade mise en place l'an dernier en Syrie pour obtenir une trêve dans les combats.
Mais le cessez-le-feu est resté lettre morte. Lundi, les frappes aériennes et les tirs d'artillerie avaient déjà tué 31 civils.
La guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 s'est progressivement complexifié sur un territoire de plus en plus morcelé, faisant plus de 340.000 morts.
Le spectre de l'utilisation d'armes chimiques a par ailleurs refait surface.
Mercredi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a souligné que "plusieurs indications" confortaient l'hypothèse d'un recours à de telles armes.
"Tout indique que du chlore est utilisé par le régime", a-t-il affirmé sur la chaîne française BFM TV.
Il n'a fait aucune allusion à d'éventuelles représailles militaires de la France contre le régime si ces attaques au chlore sont confirmées.
En mai 2017, le président français Emmanuel Macron avait tracé une "ligne rouge" sur cette question lors de son arrivée au pouvoir.
Deux attaques chimiques présumées du régime auraient eu lieu au cours des dernières semaines, l'une à Saraqeb, une localité de la province d'Idleb (nord-ouest), où 11 cas de suffocation ont été rapportés, selon l'OSDH, mais aussi dans la Ghouta orientale.
Le 22 janvier, l'Observatoire y avait rapporté 21 cas de suffocation, tandis que des habitants et des sources médicales avaient évoqué une attaque au chlore.
Il y a des "preuves évidentes" pour confirmer le recours à du chlore, avait déclaré lundi Nikki Haley, ambassadrice américaine aux Nations unies.
De son côté, le département d'Etat américain a affirmé avoir répertorié six attaques suspectes en Syrie au cours des 30 derniers jours.
'Campagne de propagande'
Moscou, allié indéfectible du régime de Bachar al-Assad, a dénoncé une "campagne de propagande" visant à "accuser le gouvernement syrien" d'attaques dont "les auteurs ne sont pas identifiés".
Quant au pouvoir de Damas, il a catégoriquement nié l'usage d'armes chimiques.
Mercredi, l'armée syrienne a annoncé avoir intercepté et détruit des missiles israéliens tirés sur une position militaire à Jamraya, près de Damas.
Située à 10 km au nord-ouest de la capitale, Jamraya abrite plusieurs positions militaires et une branche d'un centre de recherches scientifiques du régime (SSRC), soupçonné pour son rôle dans la production d'armes chimiques.
Mardi, l'ONU avait indiqué avoir ouvert une enquête au sujet de l'usage d'armes chimiques, et appelé à un cessez-le-feu d'un mois sur l'ensemble du territoire syrien.
"Il y a une perception erronée que les zones de désescalade ont abouti à la paix et à la stabilité", a clamé le coordinateur régional du bureau des affaires humanitaires de l'ONU pour la crise en Syrie, Panos Moumtzis.
"Entre la Ghouta orientale, Idleb, Afrine, c'est la première fois que nous avons plusieurs fronts avec des gens en situation d'extrême danger, sans une solution en vue", a-t-il déploré.
"Désormais, nous sentons que nous avons atteint un point de rupture", a-t-il conclu.
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