A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei lâchait plus de 6% en début d'après-midi, du jamais vu depuis l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche qui avait provoqué un mouvement de panique ponctuel.
Ailleurs dans la région, Sydney abandonnait 3%, Hong Kong près de 5%, tandis qu'en Chine continentale, l'indice composite de Shanghai perdait plus de 2%.
L'année 2018 avait pourtant bien commencé, les indices enchaînant les records à New York, mais vendredi la publication aux Etats-Unis du rapport mensuel sur l'emploi a subitement changé la donne.
Bonne nouvelle pour l'économie américaine, l'annonce d'une augmentation significative des salaires en janvier a eu un effet dévastateur sur les marchés en ravivant les craintes d'inflation, et donc d'un resserrement monétaire américain à un rythme plus rapide que prévu.
Dans la foulée, les taux de rendement des bons du Trésor se sont enflammés et Wall Street a trébuché.
Lundi, les pertes se sont accrues et l'indice vedette Dow Jones a chuté de près de 1.600 points en séance, avant de clôturer en baisse de 4,60%.
"Les investisseurs sont convaincus que l'inflation revient et que les taux d'intérêt vont grimper plus haut que ce qui avait été anticipé", a résumé Stephen Innes, responsable des transactions Asie-Pacifique chez Oanda, interrogé par l'AFP.
Tout comme les donneurs d'ordres se détournent des actions, plus risquées que les obligations, ils se réfugiaient mardi vers le yen, valeur refuge prisée en période d'incertitudes.
De même l'once d'or montait-elle à 1.346,21 dollars vers 02h30 GMT, contre 1.333,60 dollars lundi soir.
'Choc'
Après la fièvre qui s'était emparée des marchés ces dernières semaines, "cette soudaine baisse est un choc", a commenté auprès de l'AFP Toshihiko Matsuno, de SMBC Nikko Securities.
Les marchés entrent maintenant "dans une phase de correction", a-t-il ajouté, avec un déclin de plus de 10% pour l'indice Nikkei par rapport au plus haut du 23 janvier, tout comme le Dow Jones avait lâché lundi plus de 10% en séance par rapport à son record du 26 janvier.
Les Bourses européennes, déjà chahutées lundi, risquent de vivre une nouvelle séance difficile quand elles ouvriront dans quelques heures, sans forcément céder à la même panique qu'en Asie où "les places ont tendance à surréagir", note M. Innes.
Autre actif risqué délaissé, la devise virtuelle bitcoin, en forte baisse depuis plusieurs semaines, poursuivait sa chute mardi, tombant sous les 6.400 dollars alors qu'il frôlait les 20.000 dollars en décembre.
Toutefois, malgré ces impressionnantes dégringolades, les observateurs restaient sereins. "Le moment était venu d'une correction", estime Stephen Innes qui ne voit pas là les prémices d'un "krach".
"Nous pensons que c'est une correction saine et en même temps éphémère", renchérissait Peter Garnry, analyste de Saxo Bank.
"Il y a même des possibilités d'achats, peut-être pas aujourd'hui, mais plus tard dans la semaine, après ces massifs mouvements de ventes", soulignait de son côté pour l'agence Bloomberg Sean Fenton, responsable de portefeuille chez Tribeca Investment Partners à Sydney.
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