Les frappes sur la Ghouta orientale, à l'est de la capitale, interviennent au lendemain de bombardements meurtriers à Idleb, province rebelle dans le nord-ouest du pays où le régime de Bachar al-Assad est de nouveau soupçonné d'avoir utilisé des gaz toxiques, après des cas de suffocation.
Dans la Syrie ravagée par la guerre depuis 2011, le mois de janvier a été particulièrement meurtrier: 59 enfants ont péri dans les violences, selon l'Unicef, qui déplore un mois "sanglant" au Moyen-Orient.
Lundi, 28 civils, dont sept enfants, ont péri dans les frappes aériennes du régime visant plusieurs localités de la Ghouta orientale, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les raids les plus meurtriers ont visé la localité de Beit Sawa, où dix personnes, dont deux enfants, ont été tuées sur un marché, a précisé l'OSDH.
Un marché de la localité d'Arbine a également été touché, et neuf civils ont été tués, dont un membre des casques blancs, la défense civile en zone rebelle, selon l'OSDH.
Dans un hôpital de la ville, les corps sans vie de plusieurs enfants étaient allongés sur le sol, tandis que d'autres petits recevaient les premiers soins, a constaté un correspondant de l'AFP. Assis sur les décombres, un homme pleurait.
Gaz toxique
En représailles aux frappes, les rebelles ont lancé lundi des obus sur la capitale, entraînant la mort d'une femme et faisant quatre blessés, selon l'agence officielle Sana.
Une personne a été tuée dans des tirs similaires sur un secteur de la région de Harasta tenu par le régime, selon la même source.
Assiégée depuis 2013 par les forces du régime, la Ghouta orientale est la cible quasi-quotidienne de bombardements, et ses quelque 400.000 habitants vivent une grave crise humanitaire, avec des pénuries de nourriture et de médicaments.
La veille déjà, le régime avait mené des frappes similaires dans plusieurs secteurs de la province d'Idleb, où 16 civils ont été tués, selon un nouveau bilan de l'OSDH.
Au moins 11 cas de suffocation ont également été rapportés dans la ville de Saraqeb, l'OSDH citant des habitants et des sources médicales faisant état d'un "gaz toxique" répandu sur la ville.
Mohamed Ghaleb Tannari, médecin à l'hôpital où les patients ont été traités, assure à l'AFP que tous "souffrent de difficultés respiratoires, de toux, et de fatigue", des "symptômes emblématiques de l'inhalation de gaz toxique de chlore".
Ces dernières semaines, le pouvoir de Bachar al-Assad a été accusé d'avoir mené plusieurs attaques chimiques en Syrie. Le 22 janvier, l'OSDH avait notamment rapporté 21 cas de suffocation dans la Ghouta, tandis que des habitants et des sources médicales avaient évoqué une attaque au chlore.
Janvier 'sanglant'
Après ces attaques chimiques présumées, les Etats-Unis ont brandi la menace de nouvelles frappes en Syrie, et vendredi le ministre américain de la Défense Jim Mattis a assuré que du chlore avait été utilisé "à de nombreuses reprises" dans des attaques en Syrie.
"Mais ce qui nous inquiète le plus, c'est la possibilité que du gaz sarin ait été utilisé" récemment, avait-il ajouté, précisant que les Etats-Unis n'avaient pour le moment pas de preuves pour étayer cette hypothèse.
Déclenché en 2011 par la violente répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.
Il a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Ces quatre dernières semaines seulement, 59 enfants ont été tués en Syrie, selon un communiqué de l'Unicef.
Pour le seul mois de janvier, au moins 83 enfants ont péri au Moyen-Orient "dans les conflits en cours, dans des attaques suicide, ou sont morts de froid en fuyant les zones de guerre", selon le directeur régional d'Unicef pour cette région, Geert Cappelaere.
"Il s'agit d'enfants, d'enfants! (...) qui ont payé le prix le plus élevé pour des guerres dont ils ne sont pas responsables", a-t-il ajouté.
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