En octobre, une querelle d'avocats avait eu raison d'une première audience, renvoyée au 29 janvier pour deux semaines. Cette fois, c'est un verre pris par le président de la cour, Etienne Fradin, et certains avocats de l'affaire, qui menaçait les débats depuis vendredi.
Une "rencontre totalement inopportune", a dénoncé Me Gilles-Jean Portejoie, l'un des avocats de Cécile Bourgeon, à la reprise de l'audience lundi.
Lisant une lettre signée de lui et de ses deux fils Jean-Hubert et Renaud Portejoie, qui défendent aussi la mère de la fillette morte en 2013, le conseil a déploré que le président Fradin ait été "convié par certains conseils des parties civiles à une rencontre privée, autour d'un verre, dans les locaux de l'hôtel Régina au Puy-en-Velay" la semaine dernière.
Pour lui, le magistrat, dont l'impartialité "ne peut être remise en cause à la légère", "ignorait sûrement que tous les acteurs du procès n'avaient pas été avisés, notamment la défense"; les conseils de Cécile Bourgeon ont donc renoncé, "en l'état", à une "vexatoire procédure de récusation". Pour autant, un renvoi était la "seule solution qui s'impose, tant pour les parties que pour la justice et son image", estimait Me Portejoie.
L'avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile, s'est opposé à cette demande. "Je fais confiance à la justice française et demande que ces débats perdurent", a-t-il dit. Et après une brève suspension, la cour d'assises l'a rejetée, les débats reprenant avec la lecture de l'audition d'un témoin par le président Fradin. Mais toujours en l'absence de Cécile Bourgeon - elle avait déjà fait défaut vendredi.
"Je ne veux pas fuir"
Berkane Makhlouf, son ex-compagnon qui lui a toujours été présent dans le box, ne voulait pas non plus d'un renvoi. La semaine dernière, les deux accusés s'étaient une nouvelle fois accusés mutuellement de violences sur la fillette, mais sans porter d'accusation directe sur les faits fatals à l'enfant pour lesquels ils sont rejugés.
"Fiona mérite un jugement, que le procès aille jusqu'au bout. Je veux assumer ma responsabilité. Je ne veux pas fuir comme Cécile, me cacher. Je fais confiance à mes avocats. Je fais confiance à la justice même si j'ai des doutes parfois. J'ai de la violence en moi mais je n'ai jamais frappé Fiona", a répété Makhlouf lundi.
A la longue, le "pacte de non-agression" qui avait lié la parole de l'ancien couple en première instance semble se fissurer, estiment les parties civiles.
Samedi, réagissant à l'histoire de l'apéritif, elles avaient dénoncé des "manœuvres" des avocats de Cécile Bourgeon pour obtenir un nouveau renvoi, "à un moment où les accusations à l'encontre de leur cliente se font plus pesantes".
Dans sa lettre lue lundi à l'audience, Me Gilles-Jean-Portejoie a qualifié le traitement réservé à la mère de Fiona durant la première semaine du procès de "particulièrement inhumain", dénonçant aussi le fait qu'un témoin "essentiel" à ses yeux ait été écarté des débats.
En 2016 à Riom, la cour d'assises du Puy-de-Dôme avait condamné Berkane Makhlouf à 20 ans de réclusion, contre cinq ans de prison pour Cécile Bourgeon, sanctionnée pour avoir fait croire à un enlèvement de l'enfant mais acquittée des faits criminels - les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Le verdict d'appel, sauf nouvelle péripétie, est attendu vendredi.
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