En négociations depuis début janvier, les deux camps ont repris leurs débats en fin de matinée avec pour objectif un compromis dimanche. Mais aussi avec l'option de prolonger les pourparlers lundi et mardi.
Mme Merkel a assuré entrer dans cette dernière ligne droite avec "bonne volonté, tout en sachant que des heures de négociations difficiles nous attendent".
"On ne peut pas dire combien de temps ça va durer, il y a toujours des points importants à régler", a-t-elle dit en arrivant au siège du SPD où les discussions ont lieu.
Le chef des sociaux-démocrates (SPD), Martin Schulz, prédit quant à lui une séance "jusque tard dans la soirée ou la nuit", disant ne pas pouvoir "promettre qu'il s'agit du dernier jour de négociations".
Plus de quatre mois après législatives de septembre qui ont laissé la première économie d'Europe sans majorité gouvernementale, les conservateurs de la CDU/CSU cherchent des solutions sur la santé, le droit du travail, l'Europe, l'immigration ou encore les retraites pour convaincre un SPD réticent de reconduire pour quatre ans la grande coalition, ou GroKo, sortante.
L'Allemagne s'impatiente
"L'accord de coalition prend forme peu à peu", a jugé optimiste samedi soir un haut responsable du parti de Mme Merkel, Michael Grosse Broehmer.
Le début de la semaine prochaine s'annonce comme une date-butoir, tant l'Allemagne s'impatiente. Quelque 71% de ses habitants disent ne pas comprendre pourquoi "la formation du gouvernement prend autant de temps", selon une enquête de la télévision publique ARD.
Même en cas d'accord d'ici à mardi, la partie ne sera pas encore gagnée pour Angela Merkel car les militants sociaux-démocrates auront le dernier mot sur la mise en place de la coalition au cours d'un vote postal étalé sur plusieurs semaines en février ou mars.
Or le SPD, laminé aux législatives (20,5%) et en chute dans les sondages depuis, est divisé. Nombre de ses membres en veulent à leur chef Martin Schulz d'être revenu sur sa promesse d'un virage à gauche et de ne pas négocier avec la chancelière.
Si au final Mme Merkel échoue, elle devra soit se résoudre à entamer son quatrième mandat en tentant de former un instable gouvernement minoritaire, soit accepter l'organisation de nouvelles élections à haut risque qui pourraient profiter avant tout à l'extrême droite. Les deux scénarios seraient des premières pour l'Allemagne d'après-guerre.
Les conservateurs comme les sociaux-démocrates craignent en effet que la formation antimigrants Alternative pour l'Allemagne (AfD) fasse encore mieux qu'en septembre.
Aux législatives, ce parti a reçu près de 13% des suffrages, un score historique, en surfant sur les inquiétudes générées par l'ouverture du pays à plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015 et a fait d'un départ précipité de la chancelière son principal objectif.
Angela Merkel n'est donc pas dans une position enviable, coincée entre une partie de sa famille conservatrice qui demande un coup de barre à droite pour freiner l'extrême droite et la nécessité d'un compromis avec les sociaux-démocrates, sous pression de son aile gauche.
Laisser la place
Une partie de la presse allemande se montre d'ailleurs sans concession à l'égard des deux partis qui, ensemble ou par alternance, dirigent l'Allemagne depuis 1949.
La Süddeutsche Zeitung dénonçait ainsi cette semaine une quête du "plus petit dénominateur commun" pour fonder une GroKo "sans idée directrice".
Le quotidien appelle Mme Merkel et M. Schulz à se ressaisir ou alors à "laisser la voie libre à d'autres chefs ou à des élections anticipées".
L'imbroglio politique actuel est inédit dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre, illustrant la soudaine usure politique d'Angela Merkel, après douze années au pouvoir.
Cette perte d'influence a ses conséquences en Europe, où le président français Emmanuel Macron milite pour des réformes de fond afin de regagner la confiance des citoyens.
Certes, ses propositions pour l'UE ont été timidement accueillies à Berlin et, sans l'Allemagne, rien ne pourra se faire, mais pour la première fois depuis longtemps, la chancelière n'a plus l'initiative.
Le chef du SPD, ancien président du Parlement européen et fervent partisan des propositions d'Emmanuel Macron, a quant à lui souligné que "le combat pour une Europe forte et renouvelée" devra être "un fondement" du futur gouvernement.
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