L'orateur vedette devait être Mikis Theodorakis en personne.
Le compositeur de la musique de Zorba le Grec, âgé de 92 ans et souffrant, ne sort que rarement, mais fera une exception pour soutenir la manifestation, malgré le jet samedi après-midi de peinture rouge sur sa maison du quartier historique d'Athènes, par des inconnus.
"Je suis calme et je suis prêt", a-t-il fait savoir, appelant les participants "à ne pas être intimidés".
La manifestation est organisée et financée en grande partie par des groupes de la diaspora grecque, des associations de militaires en retraite, des groupes ecclésiastiques et des associations culturelles de la Macédoine grecque.
Les organisateurs souhaiteraient que les manifestants soient trois fois plus nombreux, c'est-à-dire selon eux plus d'un million, qu'il y a quinze jours à Thessalonique, capitale de la province grecque de Macédoine. La police alors avait compté "plus de 90.000 personnes", les organisateurs 400 à 500.000 personnes.
Dimanche, "ce sera majestueux. Et ce sera un message très fort à l'intérieur et à l'extérieur de la Grèce", a prédit devant la presse cette semaine le porte-parole des organisateurs, Michalis Patsikas.
'Grecque et seulement Grecque'
En fin de matinée, des groupes se formaient déjà sur la place Syntagma, des vendeurs de drapeaux étaient installés, la manifestation devant commencer à 12H00 GMT.
Les participants ont notamment été acheminés par quelque 2.500 cars depuis le nord de la Grèce et deux ferries depuis la Crète.
"La Macédoine est grecque et seulement grecque. Ils veulent voler l'histoire, nous devons nous battre et faire que le monde entier le sache", affirmait Allia Sarellis, membre de la diaspora grecque qui a fait le voyage depuis les Etats-Unis.
Les manifestants s'opposent à ce que le mot Macédoine figure dans le futur nom du pays voisin, comme Haute Macédoine ou Macédoine du Nord, un compromis sur lequel semblent être prêts à discuter le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras et le nouveau Premier ministre macédonien social-démocrate Zoran Zaev.
"Le moment est venu" de trouver une solution, a pour sa part considéré cette semaine à Athènes l'émissaire des Nations unies sur cette question, Matthew Nimetz.
La querelle dure depuis l'indépendance de l'ancienne république yougoslave en 1991, les Grecs craignent notamment qu'en s'attribuant officiellement le simple nom de Macédoine, le pays n'ait des vues sur la région grecque du même nom, berceau des grands rois du IVème siècle av JC Philippe II et son fils Alexandre-le-Grand.
Résultat, la Grèce bloque depuis 25 ans l'accession de son voisin à l'Otan, et ses démarches pour accéder à l'UE.
'Très émotionnel'
Un récent sondage Pulse pour la télévision Action 24 montre que 59% des Grecs sont en désaccord avec la présence du mot Macédoine dans le futur nom du voisin, contre 35% que cela ne dérange pas.
La presse grecque s'interrogeait dimanche sur les répercussions intérieures de cette mobilisation. "Le nationalisme est plus dangereux que les dangers extérieurs", remarquait le quotidien pro-gouvernemental Avghi.
Le journal libéral Kathimerini estimait que la manifestation "pourrait engendrer des faits nouveaux sur la scène politique intérieure".
De fait, le principal parti d'opposition, Nouvelle Démocratie (ND, droite) accuse M. Tsipras d'avoir réveillé la question du nom de la Macédoine à des fins de politique intérieure, pour diviser la droite. "J'ai une responsabilité envers le pays" de faire aboutir ce dossier, a rétorqué M. Tsipras, excluant de telles visées.
"Il est trop tôt pour dire quelles seront les répercussions politiques de la manifestation", constate pour l'AFP Nikolaos Tzifakis, professeur de Sciences politiques à l'Université du Péloponnèse. "Comme c'est la première grande manifestation depuis (2015) on ne peut dire si on entre dans une période de plus grand activisme politique".
L'analyste remarque néanmoins que "le problème du nom est très émotionnel" en Grèce. "De nombreuses personnes considèrent à présent le changement de politique (sur ce sujet) à travers le prisme de la crise économique, et le voient comme la concession de trop".
Une manifestation d'anarchistes devait précéder la manifestation sur le nom de la Macédoine, et la police anti-émeutes était déployée pour maintenir les deux camps séparés.
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