"L'art a inspiré ma mode, aujourd'hui la mode inspire mon art", résume ce créateur de 68 ans dont une centaine d'oeuvres sont exposées (et vendues) jusqu'au 17 mars dans la galerie Magda Danysz à Paris.
Les marques sont omniprésentes dans son oeuvre qui exprime son goût pour les logos, notamment pour le travail de Raymond Loewy, père du design industriel. Une fascination que "JCDC" rapproche de son intérêt pour les blasons pendant ses années de pension dans un château.
L'héraldisme lui a d'ailleurs inspiré ses couleurs de référence, rouge, jaune et bleu, constantes dans sa mode joyeuse et pop. Des couleurs primaires utilisées par exemple dans une collaboration avec Weston en 1983, pour enhardir un mocassin très traditionnel, qui s'est retrouvé du même coup propulsé dans la garde-robe des "sapeurs".
Dans les collaborations, il apprécie "le mélange de deux histoires" et le "choc des contraires qui donne quelque chose de presque dadaïste".
Une attirance pour les contrastes qui lui vient également d'un souvenir d'enfance: "Mon père m'avait emmené à une chasse en Angleterre quand j'avais douze ans. J'avais été stupéfait par l'élégance du maître des lieux, qui était habillé en tweed de Savile Row mais portait des gants Mapa roses pour tenir son fusil sous la pluie!"
Les oeuvres de cette exposition, intitulée "I want. The empire of collaboration", teintées parfois de poésie, parfois d'ironie, évoquent ses sources d'inspiration personnelles, mais questionnent également les phénomènes d'appropriation et le "mercato" accéléré des créateurs dans l'industrie de la mode.
'catho, punk, aristo'
Lui-même ne présente plus de collection depuis 2014. Mais il compte bien revenir, "à partir de 2019", avec "une nouvelle maison, un concept total qui mêlerait environnement et design".
"J'ai envie d'une pure modernité", dit-il, jugeant la mode actuelle trop tournée vers le vintage. Pour ce créateur, qui travaille avec Rossignol et le Coq Sportif, le "seul progrès" actuel dans ce domaine est lié au sport: "c'est là où il y a une nouvelle technologie, où l'on fait des recherches de matières, où l'on cherche une nouvelle ergonomie".
Il estime avoir été beaucoup copié. "On est dans un drôle moment de karaoké, les gens piquent les idées. La précipitation du rythme fait que l'imaginaire n'a plus le temps de se reposer".
De grandes toiles sont frappées des mots "catho", "punk" et "aristo", qualificatifs associés à cet artiste qui a été proche de Malcolm McLaren, manager des Sex Pistols, et conçut en 1997 les vêtements liturgiques des prêtres, évêques et du pape Jean Paul II lors des JMJ à Paris.
Un tableau représente d'ailleurs "le nouveau culte", celui des marques: la croix est le "x" symbolisant les collaborations, et les noms de "12 apôtres modernes" sont écrits à la manière du logo de Supreme, marque de streetwear avec laquelle Louis Vuitton a signé une collection remarquée en 2017.
Une autre oeuvre fait cohabiter la main de Mickey Mouse, la virgule de Nike sur Félix le chat, un tableau de Mondrian en forme de sneaker.
Autant de satires d'une société où règne la confusion culturelle? "Je ne fais que poser des questions", dit Jean-Charles de Castelbajac, chez qui la galeriste Magda Danysz apprécie "le ton à la fois heureux, bienveillant et en même temps critique".
"Il nous laisse interpréter, souligne-t-elle, mais tout n'est pas qu'angélique, est-on dans un trop plein, une grande machine à laver, un grand mercato de la mode et de l'art? On peut se poser ces questions-là dans beaucoup d'autres domaines".
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