L'inattendue lutte à mort entre l'actuel président Lenin Moreno et Rafael Correa, son prédécesseur et mentor, a affaibli la popularité et l'influence de l'ex-chef de l'Etat socialiste, qui a dirigé le pays pendant dix ans, jusqu'en mai 2017.
Si le référendum proposé en novembre par son successeur et ex-allié invalide la possibilité de réélection indéfinie, Rafael Correa perdra la possibilité de revenir au pouvoir.
Mais ce rendez-vous électoral est aussi un test pour la légitimité de Lenin Moreno et la solidité de ses nouvelles alliances à l'Assemblée nationale après la fracture de la majorité. Et à long terme la gouvernabilité du pays est aussi en jeu, mettent en garde des analystes.
Treize millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour répondre à sept questions: cinq portant sur des changements de la Constitution, deux sur des modification ou suppression de lois.
Les sondages prévoient une large victoire du "oui" en faveur de Lenin Moreno, qui fut le vice-président de Rafael Correa de 2007 à 2013.
Trois questions anti-Correa
Trois des questions sont une invitation claire à entrer dans l'ère du post-corréisme.
Celle qui propose de supprimer la réélection indéfinie, initiée par Rafael Correa en 2015, empêcherait son éventuelle candidature à la prochaine présidentielle en 2021.
Une autre vise à restructurer l'organe créé par l'ancien président et chargé de nommer les autorités de contrôle des pouvoirs publics, ce qui impliquerait une "décorreisation" de l'Etat.
Mais les corréistes estiment qu'une victoire du "oui" à cette question permettrait à M. Moreno de s'approprier temporairement tous les pouvoirs, en nommant lui-même les nouvelles autorités, dont le procureur général qui serait en poste jusqu'aux élections régionales de 2019.
"La consultation vise Correa, avec une volonté claire de se démarquer des dix dernières années", a déclaré à l'AFP David Chavez, analyste politique de l'Université centrale de Quito.
L'ancien président, un économiste âgé de 54 ans qui grâce à la manne pétrolière a pu moderniser un pays réputé ingouvernable, affirme que la question qui vise à disqualifier les personnalités politiques condamnées pour corruption est aussi une façon d'empêcher son retour.
"Ils vont inventer un crime pour me disqualifier. C'est la nouvelle stratégie de la droite pour détruire les dirigeants progressistes comme il l'ont fait avec Dilma (Rousseff, ex-présidente du Brésil), Lula ou Cristina (Kirchner, ex-présidente d'Argentine)", a affirmé Rafael Correa à l'AFP.
Un test pour Moreno
Lenin Moreno a remporté la présidentielle d'avril dernier avec une étroite marge d'avance sur le banquier conservateur Guillermo Lasso.
Depuis lors, avec son style conciliant, il a gagné en popularité, mais à mesure que s'est creusée la brèche entre "morenistes" et "correistes" au sein d'Alianza Pais, le mouvement au pouvoir, le chef de l'Etat a perdu la majorité à l'Assemblée nationale et a dû chercher d'autres soutiens dans l'opposition.
La consultation de dimanche a ainsi l'appui du CREO, le parti de M. Lasso, et du Parti social-chrétien (PSC), d'importantes forces politiques ennemies du corréisme.
"Le leadership de Moreno est mis à l'épreuve avec cette consultation. L'idée est de lui donner le mandat qu'il n'a pas eu lors des élections parce qu'il bénéficiait alors du soutien de Correa", estime le politologue Esteban Nichols.
Mais cet analyste de l'Université andine Simon Bolivar avertit que toutes les forces qui soutiennent le chef de l'Etat "vont tenter de tirer profit d'une éventuelle victoire du +oui+", ce qui pourrait mettre en péril la stabilité politique du pays.
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