Damien Chardonnet-Darmaillacq met en scène pour la première fois une œuvre classique en s'attelant à la pièce la plus connue de Racine. Il trouve un angle d'étude nouveau et conçoit une mise en scène originale que le public est invité à découvrir au théâtre de la Foudre à Petit-Quevilly les 13,14 et 15 février 2018.
En quoi la pièce de Racine est-elle politique ?
"Je ne cherche pas à moderniser l'œuvre de Racine mais à démontrer que cette pièce classique peut résonner de façon inattendue avec notre modernité et nos enjeux contemporains. À la relecture de l'œuvre il m'est apparu que les protagonistes d'Antigone qui composent cette chaîne amoureuse à sens unique ne sont pas des héros de la guerre de Troie mais sont issus d'une deuxième génération — d'où le sous-titre choisit "les héritiers". Ceux-là doivent se constituer leur propre récit héroïque. D'autre part ces quatre protagonistes incarnent chacun un territoire différent : Oreste la Grèce, Hermione Sparte, Antigone Troie et Pyrrhus l'Epire. L'intrigue amoureuse repose avant tout sur une géographie politique. Les confidentes tentent d'orienter les protagonistes pour résoudre cette situation mais chaque protagoniste se campe sur ses positions, se renferme sur lui-même ce qui mènera à la mort, à la folie et à la tyrannie : une morale politique qui résonne étrangement avec les courants de repli des pays occidentaux aujourd'hui. "
Comment suggérer ce repli sur soi des protagonistes ?
" Contrairement a ce que laisse supposer le titre Andromaque n'est pas au cœur de la pièce. Il y a quatre protagonistes qui pèsent autant et chacun des sujets représente un territoire. Ils se renferment sur leurs frontières géographiques. Ils sont incapables de construire avec le récit du voisin. Pour marquer ces différents territoires les protagonistes évoluent dans des espaces juxtaposés mais ne partagent jamais sur scène le même espace. Le plateau se divise donc en quatre territoires enchâssés. C'est une véritable architecture dans laquelle les personnages évoluent sur différents niveaux et pour plus de lisibilité les noms des territoires sont mentionnés dans le décor."
Les confidentes sont incarnées par une seule et même personne (un homme) et Hermione est aussi incarné par un homme. Pourquoi ce parti pris ?
" J'ai d'abord pris le parti de confier le rôle d'Hermione à Gurshad Shaheman. Au départ cela n'avait aucun lien avec le sexe du personnage. C'est simplement qu'il a une personnalité hors norme qui transcende même la notion de genre. C'est l'interprète qui m'a inspiré ce choix au-delà de la raison dramaturgique. Ensuite il m'a semblé logique de choisir un homme pour incarner les confidentes pour mieux isoler le personnage d'Andromaque : elle devient la seule interprète féminine de la pièce. Dans la pièce de Racine, chaque protagoniste a sa confidente mais toutes remplissent le même rôle : elles incarnent la voix de la raison. Il m'a alors semblé possible de les rassembler en une seule partition. Andromaque acquiert ainsi une place particulière. Opprimée au début du récit, agressée en permanence, elle finit néanmoins par devenir l'oppresseur."
Pratique. Mardi 13, Mercredi 14 et jeudi 15 février à 20h. Théâtre de la Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs 13 à 18€. Tél. 02 35 70 22 82
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