Vendredi, quatre avocates ont égrené devant le tribunal les prénoms de ces 687 parties civiles au procès de Jawad Bendaoud. Calixte, Adrien, Fatima, Vladimir, etc. Certains étaient au Stade de France ou au Bataclan, d'autres ont perdu un proche dans les attaques qui ont fait 130 morts...
Il y a aussi les habitants de l'immeuble de Saint-Denis où se trouvait le squat de Jawad Bendaoud et qui a été pris d'assaut par les policiers du Raid le 18 novembre 2015.
Jawad Bendaoud est jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes". Il lui est reproché d'avoir fourni une planque à deux jihadistes en fuite, auteurs des attentats du 13-Novembre, dont le cerveau présumé, Abdelhamid Abaaoud. Mohamed Soumah, qui a joué le rôle d'intermédiaire, est également jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes" et Youssef Aït Boulahcen pour "non-dénonciation de crime terroriste".
"On l'a répété: ce n'est pas le procès des attentats du 13-Novembre. C'est le procès d'un après inimaginable", a commenté Astrid Ronzel, une des avocates des parties civiles, pendant sa plaidoirie. Le dossier principal, celui des attaques, qui est tentaculaire, est toujours en cours d'instruction.
Les parties civiles, dont le nombre grossit tous les jours, sont représentées par 110 avocats, contre six pour la défense des trois prévenus. L'image au premier jour du procès, le 24 janvier, était inédite: la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris était noire de robes d'avocats. Faute de place, les victimes ont été dirigées vers une autre salle.
Des victimes ont dit attendre des explications voire des excuses des prévenus. Un homme a voulu se constituer partie civile à ce procès, craignant que celui du 13-Novembre n'ait jamais lieu.
L'angoisse pendant la traque
Dominique, qui a perdu son fils Victor, tué au bar de la Belle Equipe, a témoigné mardi. "Je sais très bien que ces personnes n'ont pas commis les attentats. Elles ne sont pas responsables de la mort de nos enfants. Mais derrière les terroristes, il y a tout un réseau de personnes qui louent des voitures, qui fournissent des couvertures, de la nourriture", a-t-elle dit.
Pour se constituer partie civile, une victime doit justifier d'un préjudice ayant un lien direct avec l'infraction.
Pour justifier leur démarche, les avocats ont mis en avant l'angoisse des victimes lors de la traque, alors que des jihadistes étaient hébergés par Jawad Bendaoud.
"Le fait que les commanditaires n'avaient pas été arrêtés a provoqué chez moi une angoisse qui est allée crescendo", a témoigné au tribunal Gaétan, qui était au Bataclan le 13 novembre 2015. "J'avais l'idée qu'ils allaient venir jusque chez moi finir leur travail et s'en prendre à ma famille".
L'avocat Gérard Chemla confie avoir "déconseillé" à ses clients (120 en lien avec le 13-Novembre) de se constituer partie civile. "Je leur ai expliqué qu'on n'allait pas juger les attentats, qu'on risquait d'être confronté à des débordements, que les prévenus ne faisaient pas partie de l'organisation", a-t-il dit à l'AFP. Huit de ses clients ont cependant voulu être présents au procès.
"La difficulté est de faire un lien entre ces attentats et Jawad Bendaoud", renchérit un avocat de victime des attentats du 13-Novembre, dont le client a refusé de se constituer partie civile. "Que des jurisprudences permettent de rattacher les victimes des attentats à Jawad Bendaoud (...) est une chose, mais les victimes attendent de voir le procès du Bataclan et des terrasses".
Au moment de rendre son jugement, le tribunal jugera de la recevabilité des constitutions de partie civile.
Une question demeure: y aura-t-il autant de parties civiles pour les futurs procès d'actes de terrorisme? Pour le procès d'Abdelkader Merah, en octobre, il y avait déjà eu plus de 300 constitutions de partie civile.
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