Au second jour de sa visite d'Etat, M. Macron n'a cessé d'insister sur la nécessité de soutenir le seul pays où le Printemps arabe de 2011 a fait naître la démocratie.
La Tunisie a une "immense responsabilité" parce que "le monde arabe, le Maghreb, toutes les rives de la Méditerranée vous (...) regardent faire et ont besoin de vous voir réussir", a-t-il lancé devant le Parlement. "Si vous échouez, nous échouons aussi", a-t-il répété.
Or, "le défi qui est le vôtre aujourd'hui, c'est de transformer ce printemps culturel et démocratique en printemps politique, économique et social" afin que "cette réussite puisse changer la vie des Tunisiennes et des Tunisiens, fasse mieux vivre les classes moyennes comme les classes populaires", a-t-il ajouté.
La tâche est immense, comme l'a montré la récente vague de protestations contre l'austérité et la vie chère qui a saisi plusieurs villes tunisiennes début janvier.
"La réussite tunisienne requiert davantage de coopération entre la Tunisie et ses amis français et européens", a déclaré le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, en appelant à convertir une partie plus importante de la dette tunisienne envers Paris en investissements.
Ces appels à un soutien plus affirmé ont également été lancés par le président Béji Caïd Essebsi et les autres responsables tunisiens, notamment de la société civile.
M. Macron a estimé que le doublement des investissements français sur l'ensemble du quinquennat était un objectif "possible à atteindre". "J'attends la pleine mobilisation des entreprises", a-t-il dit lors d'un forum économique à Tunis auquel participaient une centaine d'entrepreneurs français.
"Nombre d'entreprises ont déjà confirmé leur volonté d'investir", a-t-il ajouté, en présence notamment des patrons des groupes de télécommunications Orange, Stéphane Richard, et Iliad, Xavier Niel.
Le président français a également invité dans sa délégation un boulanger tunisien basé à Paris, Ridha Khadher, qui fournit en pains l'Elysée depuis plusieurs années.
En plus du plan d'aide de 1,2 milliard d'euros sur la période 2016-2020, M. Macron a annoncé la création d'un fonds de 50 millions d'euros sur trois ans destiné aux jeunes entrepreneurs créant de l'emploi.
L'économie tunisienne a souffert de l'instabilité qui a suivi la révolution de 2011, et le chômage et la misère ayant largement provoqué cette révolte persistent. Un tiers des jeunes diplômés sont sans emploi.
'Politique arabe'?
Pendant cette visite dans un ancien protectorat français, Emmanuel Macron a assuré s'exprimer "avec humilité" sur la Tunisie mais aussi sur le reste du Maghreb et du Moyen-Orient.
"Je ne sais pas s'il y a une politique arabe" de la France, a dit le chef de l'Etat français dans un discours de près d'une heure au Parlement. "Je ne sais pas s'il peut y avoir une politique arabe de la France et j'aurai sur ce point une très grande humilité".
"Je pense que la diversité des situations est telle, que les tensions sont telles entre les acteurs eux-mêmes qu'il est impossible de répondre à cette question aujourd'hui", a-t-il ajouté. "L'erreur est de penser qu'on peut construire une politique arabe hors du monde arabe. Ca ne marche pas".
M. Macron a aussi critiqué "ceux qui ont pensé qu'on pouvait destituer des dirigeants ici ou là" ainsi que "ceux qui croient qu'on peut régler des conflits à des milliers de kilomètres (...), qu'on peut régler de l'autre côté de l'Atlantique le conflit israélo-palestinien".
La paix "n'est possible que s'il y a la reconnaissance de deux Etats libres avec chacun comme capitale Jérusalem", a-t-il dit à ce sujet.
"Si nous voulons construire la paix et la stabilité dans tout le monde arabe, il faut avoir l'humilité d'accepter qu'elles se construisent en son sein", a-t-il conclu.
M. Macron, qui a rencontré des représentants de la société civile tunisienne dans l'après-midi, doit s'envoler en fin de journée pour le Sénégal, pour une autre visite d'Etat.
Présente à Tunis, son épouse Brigitte a visité le musée du Bardo -théâtre d'une des attaques jihadistes ayant ensanglanté le pays en 2015- en compagnie d'enfants, avant de se rendre dans la villa du couturier Azzedine Alaïa, récemment décédé, à Sidi Bou Saïd, aux portes de la capitale.
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