Précédemment alliées, ces forces séparatistes et l'armée loyale au président Abd Rabbo Mansour Hadi se sont affrontées entre dimanche et mardi à Aden, mettant à mal la coalition arabe contre les rebelles Houthis soutenus par l'Iran.
Ces combats, qui ont fait au moins 38 morts et 222 blessés, ont abouti à un nouvel affaiblissement du gouvernement Hadi, reconnu par la communauté internationale mais qui a perdu la plupart de ses positions à Aden, où il est réfugié depuis 2014 après avoir été chassé de la capitale yéménite Sanaa par les Houthis.
M. Hadi, lui-même réfugié en Arabie saoudite depuis 2015, a dénoncé un "coup de force" séparatiste contre son gouvernement.
Cette crise a fait apparaître des divisions entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, piliers d'une coalition qui intervient depuis mars 2015 au Yémen avec l'objectif de rétablir l'autorité du gouvernement et de chasser les Houthis, décrits comme des relais de "l'expansionnisme iranien".
Ryad soutient toujours le président Hadi à bout de bras tandis que les Emirats ont entraîné une force militaire yéménite appelée "Cordon de sécurité", qui est perçue comme favorable au puissant mouvement séparatiste du sud du Yémen.
Aden était la capitale du Yémen du sud, un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990.
Jeudi, l'agence officielle émiratie WAM a annoncé que de hauts responsables saoudiens et émiratis de la coalition étaient arrivés à Aden pour s'assurer du respect d'une trêve, et dans une tentative manifeste de resserrer les rangs.
Cette délégation militaire a fait le tour de la cité portuaire et "a rencontré toutes les parties concernées, soulignant la nécessité de respecter un cessez-le-feu (...) et de recentrer les efforts sur les lignes de front contre les (rebelles) Houthis", a précisé l'agence.
'Objectif commun'
Selon WAM, la visite de cette délégation s'inscrit dans le cadre de l'objectif de la coalition arabe de soutenir le gouvernement "légitime" au Yémen et de "stabiliser" Aden.
Pendant les combats entre forces séparatistes et gouvernementales, la coalition avait multiplié les appels au cessez-le-feu. Mais ses troupes n'étaient pas intervenues, et Aden n'a retrouvé un semblant de calme que mercredi.
"La situation à Aden est stable et toutes les parties se sont totalement engagées" à cesser les hostilités, a affirmé à la presse le général saoudien Mohammed ben Saïd al-Mughaidi, qui fait partie de la délégation.
L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont "un objectif commun, la même vision, et n'ont pas d'ambition", a-t-il assuré.
La relation entre le mouvement séparatiste et le gouvernement yéménite avait commencé à se tendre après le limogeage l'an dernier du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un "Conseil de transition du sud" (STC), une autorité parallèle dominée par des séparatistes.
Le STC avait fixé un ultimatum à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre Ahmed ben Dagher et "des changements au gouvernement", accusé de "corruption". Cet ultimatum a expiré dimanche et des combats ont aussitôt éclaté.
Lors de sa première apparition publique depuis le début de la crise, M. Zoubaidi a assuré mardi soir que les séparatistes étaient du côté de la coalition arabe, contre les rebelles Houthis.
Il a refusé de confirmer que le STC envisageait de former son propre gouvernement, ajoutant: "Le peuple du Yémen du sud aura le droit de déterminer son propre avenir dès que la communauté internationale y répondra positivement".
Des forces progouvernementales continuent d'avoir une forte présence ailleurs dans cinq provinces du sud. Elles contrôlent aussi quelques régions côtières sur la mer Rouge, ainsi qu'une partie du centre.
Une autre alliance avait volé en éclats il y a moins de deux mois à Sanaa, celle qui unissait les Houthis aux forces de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Celui-ci a été tué début décembre par les Houthis, qui sont désormais les seuls maîtres dans la capitale.
Le conflit yéménite, extrêmement complexe en raison notamment de son caractère tribal, a fait en trois ans plus de 9.200 morts, près de 53.000 blessés et provoqué selon l'ONU "la pire crise humanitaire au monde".
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