Le plus grand suspense règne avant l'annonce de cette décision sans précédent pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Ses sept membres, après avoir longuement auditionné lundi le PDG de Radio France, doivent se retrouver à partir de 9H00 au siège parisien de l'autorité de régulation. Leur délibération pourrait durer plusieurs heures.
La question à laquelle doivent répondre les "sages": Mathieu Gallet est-il en capacité de continuer à diriger pleinement Radio France, premier groupe français de radio, après sa condamnation le 15 janvier à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende pour avoir favorisé deux sociétés de conseil lorsqu'il présidait l'Institut national de l'audiovisuel (2010-2014) ?
Si le gouvernement, par la voix de la ministre de la Culture Françoise Nyssen, a jugé son maintien à la présidence de Radio France "inacceptable", au nom d'un devoir d'exemplarité des dirigeants d'entreprises publiques, l'intéressé a refusé de démissionner -- avant même sa condamnation -- et a fait appel du jugement.
C'est donc au CSA, qui détient actuellement le pouvoir de nommer et révoquer les patrons de l'audiovisuel public, qu'il revient maintenant de statuer sur son sort à Radio France. Et ce en vertu d'une procédure totalement inédite lancée la semaine dernière par l'autorité de régulation.
Choix cornélien
Mathieu Gallet a déjà été confronté à des épreuves au début de son mandat à Radio France, notamment une polémique sur le coût de rénovation de son bureau et sur ses dépenses en communication, ainsi qu'une grève historique d'un mois contre des suppressions de poste. Mais il peut se prévaloir d'un bilan solide, avec des finances qui devraient revenir à l'équilibre cette année et des audiences record, comme il a eu l'occasion de l'expliquer lors de sa longue audition lundi au siège du CSA.
Le CSA ne dispose d'aucune jurisprudence pour guider sa décision, et devra donc porter une "appréciation d'ensemble", a expliqué la semaine dernière son président Olivier Schrameck. "Ma responsabilité, c'est l'indépendance du CSA", avait-il également lancé, sans dévoiler pour autant ses intentions concernant Mathieu Gallet.
Un choix cornélien, alors même que l'exécutif prépare une réforme en profondeur de l'audiovisuel public. En écartant Mathieu Gallet, le CSA courrait le risque de paraître céder à une injonction du gouvernement, et s'exposerait à un probable recours judiciaire de l'intéressé devant le Conseil d'Etat. A l'inverse, en le maintenant à son poste, il pourrait se voir reprocher de chercher à défendre à tout prix son indépendance.
C'est le CSA lui-même qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de Radio France en 2014, à la surprise générale, faisant du fringuant dirigeant de l'INA (qui vient d'avoir 41 ans) le plus jeune patron de la radio publique.
En cas de départ du dirigeant, c'est le doyen des administrateurs de Radio France nommés par le CSA qui assurera l'intérim à la tête du groupe public, comme le prévoient les statuts du groupe, avant que le Conseil supérieur de l'audiovisuel ne désigne officiellement un successeur, un processus qui prendrait plusieurs mois.
C'est la première et la dernière fois, a priori, que le CSA pourrait exercer son pouvoir de révocation des dirigeants de l'audiovisuel public, puisque le gouvernement veut donner aux conseils d'administration des groupes concernés le droit de nommer et démettre leurs présidents. La mesure devrait figurer dans un projet de loi qui sera présenté d'ici la fin de l'année.
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