"Ensemble, nous construisons une Amérique sûre, forte et fière", a-t-il lancé lors de son premier discours sur "l'état de l'Union" suivi en direct par des dizaines de millions de téléspectateurs.
Dans la lignée d'un discours à Davos à la tonalité résolument pragmatique, le locataire de la Maison Blanche, coutumier des sorties vindicatives, a adopté un ton plutôt conciliant, dans un discours par ailleurs pauvre en détails ou en annonces.
"Ce soir, je veux vous parler (...) du type de pays que nous allons devenir. Nous tous, ensemble, comme une seule équipe, un seul peuple et une seule famille américaine", a affirmé le président septuagénaire, régulièrement accusé d'attiser les tensions par ses piques moqueuses voire méprisantes et sa rhétorique enflammée.
Au plus bas dans les sondages, sous la menace de l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'interférence russe dans la campagne, M. Trump s'est tenu à l'écart des critiques frontales de ses adversaires. Et a esquissé des pistes de coopération avec les démocrates, de l'immigration aux infrastructures.
Symboles
Preuve des divisions qui marquent le Congrès: la moitié de l'hémicycle se levait régulièrement comme un seul homme durant le discours, tandis que l'autre restait uniformément assise.
Si ce rendez-vous annuel très prisé du tout-Washington a perdu son effet "mobilisateur" de jadis, il reste chargé en symboles.
Des dizaines d'élues et élus démocrates étaient vêtus de noir en l'honneur des victimes de harcèlement sexuel. D'autres signes étaient visibles: l'autocollant d'un papillon, symbole des migrations et donc de soutien aux sans-papiers, ou encore un badge rouge en l'honneur de Recy Taylor, une femme noire récemment décédée et dont le viol en 1944 par des hommes blancs n'a jamais été jugé.
Une vingtaine d'élus démocrates noirs portaient aussi une écharpe, une cravate ou un noeud papillon de motif africain coloré Kenté, en soutien aux "pays de merde", expression qui aurait été employée par Donald Trump lors d'une réunion à la Maison Blanche.
Au-delà de la mise en avant de chiffres de croissance encourageants (2,3% en 2017 contre 1,5% en 2016), le président républicain, chantre de la dérégulation, a mis en exergue les bons chiffres de l'emploi. "Pendant des années, les entreprises et les emplois nous quittaient. Aujourd'hui, ils reviennent", a-t-il martelé.
Mettant en avant "le plus grande réforme fiscale de l'histoire américaine", il a insisté sur l'impact concret de cette dernière. "Depuis que nous avons voté les baisses d'impôts, quelque 3 millions de travailleurs ont déjà reçu des bonus liés à ces dernières, des milliers de dollars pour nombre d'entre eux", a-t-il lancé.
L'exubérant président a aussi appelé démocrates et républicains à travailler main dans la main, pour financer "les infrastructures sûres, rapides, fiables et modernes dont l'économie a besoin et que le peuple mérite". Et appelé de ses voeux un grand plan d'investissement de 1.500 milliards de dollars.
L'immigration figurait en bonne place dans ce discours auquel assisteront un nombre record de "Dreamers", ces "rêveurs" entrés illégalement sur sol américain avec leurs parents lorsqu'ils étaient encore mineurs.
"Ce soir, je tends la main aux élus des deux partis, démocrates comme républicains, pour protéger nos citoyens, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau ou leur religion", a déclaré le président américain, qui a longuement fustigé "les frontières ouvertes" qui ont coûté de "nombreuses vies innocentes".
Mais les débats s'annoncent âpres. L'administration Trump a évoqué une voie d'accès à la citoyenneté pour 1,8 million de sans-papiers si ses adversaires acceptent de débloquer 25 milliards de dollars pour la plus emblématique de ses promesses de campagne: la construction d'un mur à la frontière du Mexique.
Sur le front international, il a appelé à poursuivre avec détermination la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
"Je suis fier de pouvoir dire que la coalition visant à vaincre l'EI a libéré quasiment 100% du territoire occupé par ces tueurs en Irak et en Syrie. Mais il reste beaucoup à faire. Nous allons poursuivre notre combat jusqu'à ce que l'EI soit défait", a-t-il affirmé.
Le retour de Melania Trump
Les invités de Donald et Melania Trump étaient, suivant la tradition, scrutés avec attention.
Vêtue d'un tailleur pantalon blanc, cette dernière a fait son retour en pleine lumière après avoir fait l'impasse sur Davos et sur fond d'interrogations sur de possibles tensions au sein du couple présidentiel. Rompant avec la tradition, elle s'est rendue seule au Capitole, avant son mari.
C'est un jeune Congressman au nom chargé d'histoire, Joseph Kennedy III, 37 ans, petit-fils de Robert Kennedy et petit-neveu de l'ancien président John F. Kennedy, qui devait prononcer la réponse des démocrates au discours présidentiel.
A ceux qui prédisent un "tournant" ou un "nouveau chapitre" de la présidence Trump, nombre d'observateurs rappellent que si, il y a un an, son premier discours devant le Congrès avait été salué pour sa tonalité "présidentielle", la rupture avait été éphémère.
Quelques jours plus tard, le milliardaire accusait dans une salve de tweets --sans la moindre preuve à l'appui-- son prédécesseur Barack Obama de l'avoir placé sur écoutes.
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