La publication par le département du Trésor d'une liste de plus de 200 noms a laissé les élites russes perplexes, partagées entre ironie et colère face à ce nouvel épisode des accrocs quasi-quotidiens entre Moscou et Washington.
Ce texte constitue "un acte inamical, il complique les relations russo-américaines, déjà dans un état difficile, et nuit à l'ensemble des relations internationales", a constaté Vladimir Poutine, lors d'une réunion à son QG de campagne pour l'élection présidentielle de mars.
Il s'est voulu ironique sur le caractère très large de cette liste, dont il apparaît au final comme le grand absent: "C'est vexant", a-t-il dit.
Cette "liste du Kremlin", comme l'ont surnommée les médias russes, était attendue avec appréhension à Moscou comme un redoutable volet, visant au plus près du cercle du président russe, de sanctions américaines qui ne cessent de s'aggraver dans un contexte d'accusations d'ingérence russe dans la présidentielle de 2016.
Le texte ne déclenche à ce stade aucune sanction mais prévient que ses 210 cibles pourront être sanctionnés: 96 hommes d'affaires et 114 responsables politiques, dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le Premier ministre Dmitri Medvedev et de hauts responsables des services de renseignement russes. On y trouve également des dirigeants de grandes entreprises publiques, comme le géant de l'énergie Rosneft et la Sberbank.
'Pas beaucoup de travail'
La liste comprend toutes les personnalités classées milliardaires en dollars par le magazine Forbes, sans distinction de proximité réelle avec le pouvoir ou de fonction officielle.
L'ancien ambassadeur américain à Moscou Michael McFaul, en poste sous Barack Obama, s'est étonné sur Twitter d'un document qui comporte aussi bien des hommes d'affaires "très proches de Poutine" que d'autres sans liens réels avec le pouvoir: "Visiblement, il n'y a pas eu beaucoup de travail réalisé pour distinguer ces deux catégories".
Vladimir Poutine a assuré ne pas vouloir "aggraver la situation". "Nous étions prêts à prendre des mesures de représailles, assez sérieuses, qui auraient réduit nos relations à zéro. Mais nous allons pour l'instant nous retenir de prendre ces mesures", a-t-il dit.
Malgré les promesses de Donald Trump de réconcilier l'Amérique avec la Russie, les relations entre les deux pays n'ont cessé de se dégrader depuis son entrée en fonction il y a un an et se trouvent à leur plus bas niveau depuis la Guerre froide, aggravées par les accusations d'ingérence russe dans la présidentielle américaine, démenties par le Kremlin.
"Ce n'est pas le premier jour où nous subissons des manifestations d'agressivité" de la part des Etats-Unis, a ainsi relevé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, qui est lui aussi sur la liste.
Restant sur sa ligne consistant à ne pas mettre en cause directement Donald Trump, Vladimir Poutine l'a une nouvelle fois présenté mardi comme l'otage de ses adversaires politiques.
Se voulant lui aussi ironique sur une liste selon lui tellement large que ne pas y figurer pourrait constituer "un motif de démission", Dmitri Medvedev a cependant prévenu: si cette liste découlait sur des sanctions, "une réaction" suivrait. Il a regretté une liste qui "éloigne d'un dialogue constructif" avec les Etats-Unis.
La publication de ce document découle d'une loi adoptée l'an dernier par le Congrès, visant à punir la Russie notamment pour son attitude en Ukraine, et promulguée le 2 août à contre-coeur par le président américain Donald Trump.
Ce texte interdit également de commercer, sous peine de sanctions, avec 39 sociétés d'armement russe. Cette disposition ayant déjà "un effet dissuasif" sur les ventes d'armes russes, le département d'Etat a jugé lundi "inutile" d'imposer de nouvelles sanctions contre Moscou comme le craignait le complexe militaro-industriel russe.
Dans un entretien à la BBC lundi, le directeur de la CIA Mike Pompeo a cependant affirmé que les interférences russes n'avaient pas cessé, assurant que Moscou tenterait vraisemblablement d'influencer les législatives de novembre 2018 aux Etats-Unis.
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