La poursuite de l'opération "Rameau d'olivier" intervient alors que la Turquie est un acteur central des pourparlers sur la Syrie qui se tiennent ce mardi sous l'égide de la Russie à Sotchi, où des représentants de la société civile et des politiques syriens tentent de discuter d'une solution au conflit qui ravage leur pays depuis 2011.
Les autorités semi-autonomes kurdes, ciblées par l'offensive turque, ont indiqué qu'elles ne participeraient pas à cette rencontre de Sotchi. Ce Mardi, pour le dixième jour consécutif, l'aviation d'Ankara a pilonné leur enclave d'Afrine, située à la frontière avec la Turquie.
Les frappes aériennes turques ont visé les secteurs de Rajo et de Jandairis, dans le nord-ouest et le sud-ouest de la région, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dans ces secteurs, de violents affrontements opposent les forces turques et leurs alliés parmi les rebelles syriens aux combattants kurdes, selon l'ONG.
"Depuis lundi, la Turquie a intensifié ses frappes aériennes", a ajouté le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les avions turcs survolent également la ville d'Afrine, où le bruit des bombardements dans les collines environnantes se fait entendre, a rapporté un correspondant de l'AFP.
Côté turc, une roquette tirée du nord de la Syrie est par ailleurs tombée dans un champ désert de la région frontalière de Kilis, selon des responsables turcs à Afrine. Ils ont indiqué que l'artillerie d'Ankara avait répliqué.
Convoi militaire
Depuis le 20 janvier, la Turquie mène une offensive dans l'enclave d'Afrine pour en chasser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).
Considérés comme "terroristes" par Ankara, ces combattants kurdes sont pourtant de précieux alliés de Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
En parallèle, la Turquie a renforcé lundi ses positions militaires dans le nord de la Syrie, et un convoi composé de dizaines de véhicules militaires a franchi la frontière, dans l'objectif de rejoindre un secteur situé à une quarantaine de kilomètres au sud d'Afrine.
Mais, durant la nuit, des tirs fournis de combattants pro-régime ont barré la route du convoi, l'obligeant à changer de destination, pour se rendre finalement dans l'ouest de la province d'Alep, selon l'OSDH.
Depuis le début de l'offensive d'Afrine, 85 combattants kurdes ont été tués dans les affrontements, tandis que 81 rebelles pro-Ankara ont péri, selon l'ONG.
Les civils ont également payé un lourd tribut, et 67 personnes dont 20 enfants ont été tués dans des bombardements turcs depuis le lancement de l'opération, d'après la même source.
Ankara nie viser les civils, assurant prendre pour cible uniquement les combattants et les positions militaires.
Evoquée depuis plusieurs mois, l'intervention turque à Afrine a été précipitée par l'annonce de la création d'une "force frontalière" incluant notamment des YPG, et parrainée par la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington.
Ankara n'a jamais accepté l'autonomie de facto établie par les Kurdes dans le nord de la Syrie à la faveur du conflit qui ravage ce pays depuis 2011, craignant de voir sa propre communauté kurde développer des aspirations similaires.
Nouvelles arrestations en Turquie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est une nouvelle fois monté au créneau mardi, devant la majorité parlementaire de son parti politique.
L'offensive "ne va pas s'arrêter avant que nous ayons éliminé la menace terroriste de notre frontière", a-t-il martelé.
Ignorant les appels de l'Otan et des Etats-Unis à la "retenue", Ankara se dit déterminé à élargir l'offensive vers l'est, notamment à la ville de Minbej tenue par les Kurdes et où sont stationnées des forces américaines.
Les autorités turques ont par ailleurs arrêté mardi 11 membres d'une association de médecins ayant critiqué l'offensive d'Afrine, durcissant leur campagne visant à mettre au pas toute voix discordante.
Depuis le 20 janvier, 311 personnes soupçonnées d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux contre l'offensive avaient déjà été arrêtées, selon le ministère de l'Intérieur.
Parallèlement à ces nouveaux développements sur le terrain, la Russie peine à assurer le bon déroulement d'une conférence sur la Syrie organisée à Sotchi dans le but de réunir représentants de la société civile et hommes politiques syriens.
L'initiative vise à trouver une solution au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 340.000 morts.
Mardi, dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, huit civils ont encore été tués dans des frappes aériennes du régime, selon l'OSDH, qui rapportait déjà la veille la mort de 21 civils dans des circonstances similaires.
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