Ce "Congrès du dialogue national syrien", qui doit s'ouvrir à 07H00 GMT (10H00 locales), a été convoqué à l'initiative de Moscou, principal soutien de Bachar al-Assad, avec l'assentiment de Téhéran et d'Ankara. Il vise à définir une nouvelle Constitution pour le pays, sujet déjà au centre des discussions infructueuses jeudi et vendredi à Vienne sous l'égide de l'ONU.
Si Moscou assure que la société syrienne sera représentée dans son ensemble, la plupart des participants sont affiliés soit au parti Baas au pouvoir, soit à ses alliés, soit à l'opposition dite "tolérée". Le gouvernement n'est pas représenté directement.
Le Comité des négociations syriennes (CNS), qui représente les principaux groupes d'opposition, a annoncé son refus de participer après l'échec des discussions de Vienne la semaine dernière. Les Kurdes, cibles d'une offensive turque, ont pris une décision similaire, douchant les espoirs d'avancées concrètes.
Ces refus, après l'échec des pourparlers de Vienne sous l'égide de l'ONU, semblent confirmer l'impasse dans laquelle se trouve le règlement politique de ce conflit qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.
Ils "témoignent du fait que des percées immédiates sont peu probables concernant le règlement politique en Syrie", a reconnu lundi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
"Seul un travail patient, progressif et minutieux est possible pour avancer", a-t-il ajouté. "En ce sens, le Congrès de Sotchi constituera un pas très important".
Sur plus de 1.600 invitations lancées, plus de 1.500 personnes sont attendues, a assuré le représentant du Kremlin pour la Syrie Alexandre Lavrentiev à l'agence TASS, y compris des rebelles à titre individuel et des Kurdes.
La diplomatie russe, à l'origine du cycle de pourparlers à Astana, au Kazakhstan, tente avec difficulté depuis plusieurs mois d'organiser des négociations entre régime et rebelles syriens à Sotchi.
'Message sérieux'
Outre la réticence de l'opposition et le refus d'Ankara d'y intégrer les Kurdes, les Occidentaux se sont montrés sceptiques quant à cette initiative russe. Ils craignent qu'elle n'affaiblisse les discussions sous l'égide de l'ONU à Genève et ne vise à obtenir un accord de paix avantageant le régime de Damas, qui a repris l'avantage sur le terrain grâce au soutien militaire russe et iranien.
Les Etats-Unis et la France ont fait savoir qu'ils n'enverraient pas d'observateurs à Sotchi.
En visite à Tokyo, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a expliqué que Sotchi ne permettrait pas d'"avancée" puisqu'une partie essentielle ne (serait) "pas là", faisant allusion à l'opposition syrienne.
Washington a appelé à se "concentrer principalement sur le processus politique de Genève sous l'égide de l'ONU", selon un porte-parole du département d'Etat.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a néanmoins envoyé à Sotchi son émissaire pour la Syrie, Staffan de Mistura.
"S'il y a un consensus à Sotchi, ce sera un message sérieux pour faire pression sur ceux qui sont présents à Genève, que ce soit l'opposition ou le régime", a assuré à l'AFP Mouhanad Dleikan, membre du "Groupe de Moscou", formation de l'opposition considérée comme conciliante avec le régime. "Nous avons obtenu suffisamment de garanties que ce processus va soutenir Genève, et qu'il ne s'agit pas d'une alternative".
Depuis le lancement en septembre 2015 d'une campagne militaire russe en Syrie pour soutenir Damas, la Russie est devenu l'un des acteurs-clés du conflit, sur le terrain comme sur la place diplomatique.
Elle a aidé le régime syrien à reprendre la grande majorité des territoires conquis par l'organisation jihadiste Etat islamique et à affaiblir les groupes rebelles.
En décembre, le président Vladimir Poutine a jugé que la mission des troupes russes déployées en Syrie était accomplie et a ordonné leur retrait partiel.
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