Dans la lignée d'un discours à Davos à la tonalité résolument pragmatique, le locataire de la Maison Blanche gardera - sauf surprise - les yeux rivés sur des téléprompteurs pour dérouler son discours sur l'état de l'Union. Et devrait rester à l'écart des digressions et dérapages qui ont marqué nombre de ses interventions.
"Il va parler au pays tout entier, pas seulement à ceux qui ont voté pour lui", a assuré Raj Shah, porte-parole de la Maison Blanche, dans une formule qui tranche singulièrement avec la tonalité belliqueuse de la plupart des tweets présidentiels.
Symboliquement, ce rendez-vous solennel minutieusement mis en scène est le meilleur moment qui soit pour prendre de la hauteur, se placer au-dessus de la mêlée.
Politiquement, Donald Trump, au plus bas dans les sondages dans un pays profondément divisé, a besoin d'esquisser des pistes de compromis avec les démocrates s'il veut étoffer son bilan législatif.
Mais ce rendez-vous annuel très prisé du tout-Washington n'est plus ce qu'il était. Dans une tribune intitulée "Le discours sur l'état de l'Union a-t-il encore de l'importance à l'ère Trump?", Julian Zelizer, historien à l'université de Princeton, rappelle combien l'exercice a perdu son effet "mobilisateur" de jadis.
Au-delà de la mise en avant de chiffres de croissance encourageants (2,3% en 2017 contre 1,5% en 2016), l'immigration devrait figurer en bonne place dans ce discours prévu à 21H00 (02H00 GMT) dans l'hémicycle de la Chambre des représentants.
"Pendant des années et des années, ils ont parlé d'immigration et n'ont rien fait. Nous allons y arriver, j'espère", a souligné lundi le président septuagénaire, évoquant "un grand discours, un discours important".
Mais les débats s'annoncent âpres. L'administration Trump a évoqué une voie d'accès à la citoyenneté pour 1,8 million de migrants entrés illégalement aux Etats-Unis si ses adversaires acceptent de débloquer 25 milliards de dollars pour la plus emblématique de ses promesses de campagne: la construction d'un mur à la frontière du Mexique.
Autre sujet central: les relations commerciales avec les autres grandes puissances, Chine en tête. Tour à tour menaçant et conciliant au cours des mois écoulés, l'ancien homme d'affaires de New York pourrait bientôt trancher.
Il y a quelques jours, il a, à demi-mots, menacé l'Union européenne de représailles, et provoqué une vive réaction de Bruxelles qui a promis une réponse "rapide" en cas de mesures commerciales restrictives de la part des Etats-Unis.
Un Kennedy à la riposte
A ceux qui prédisent un "tournant" ou un "nouveau chapitre" de la présidence Trump, nombre d'observateurs rappellent que si, il y a un an, son premier discours devant le Congrès avait été salué pour sa tonalité "présidentielle", la rupture n'avait été que de courte durée.
Quelques jours plus tard, le milliardaire accusait dans une salve de tweets d'une extrême agressivité son prédécesseur Barack Obama de l'avoir placé sur écoutes. Des accusations qui n'ont jamais été corroborées par le moindre élément factuel.
Les invités de Donald Trump et de la Première dame Melania Trump - qui sera bien présente après avoir fait l'impasse sur Davos - seront, suivant la tradition, observés avec attention.
Parmi eux, les parents de Nisa Mickens et Kayla Cuevas, deux filles assassinées par le gang d'origine salvadorienne MS-13, dont le président cite régulièrement la cruauté pour justifier sa politique de fermeté aux frontières.
C'est un jeune élu au nom chargé d'histoire, Joseph Kennedy III, petit-fils de Robert Kennedy et petit-neveu de l'ancien président John F. Kennedy, qui prononcera la réponse des démocrates au discours présidentiel.
Le jeune Congressman de 37 ans sera concurrencé par le sénateur Bernie Sanders, blanchi sous le harnais, qui a promis de livrer ses réactions en temps réel sur les réseaux sociaux.
Candidat malheureux à la primaire démocrate face à Hillary Clinton, "Bernie", 76 ans, entend bien faire entendre sa petite musique dans une famille démocrate qui n'a pas encore trouvé son candidat ou sa candidate pour 2020.
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