Et s'il était possible de reconnaître les pesticides… à leur goût ? C'est l'expérience menée par Gilles-Eric Séralini, chercheur à l'université de Caen (Calvados). Un travail sur le vin effectué avec Jérôme Douzelet, chef cuisinier, "qui a eu cette idée assez géniale de se dire que les pesticides que je trouvais dans les matrices alimentaires étaient à des taux supérieurs aux arômes du vin, et devraient donc avoir un goût."
Goût de fraise tagada ou de pneu brûlé
Après quelques tests au hasard sur plusieurs verres, la question a été approfondie "dans 195 tests avec plus de 70 spécialistes, chefs ou vignerons qui ont l'habitude de détecter des goûts, des nez en quelque sorte", précise le chercheur. Et plusieurs tendances sont ressorties. "D'abord, ils préfèrent les vins bios et surtout, ils sont capables de caractériser le goût des pesticides."
"Selon les produits, ils peuvent avoir un goût qui va de la fraise tagada ou du bonbon chimique en passant par la barbe de vieux fumeur au pneu brûlé, présente Gilles-Eric Séralini. Surtout, leur aspect commun est qu'ils ont un goût asséchant, au fond du palais et au bout de la langue, goût que probablement beaucoup de gens ont le lendemain après avoir bu quelques verres sans se rendre compte que c'est lié aux pesticides."
Des pesticides dans les vins à 400 €
Une découverte que le scientifique et le cuisinier mettent aujourd'hui à profit du grand public en sortant un ouvrage qui comporte un aspect petit guide pratique. Une volonté de démocratisation de leurs recherches que Gilles-Eric Séralini explique du fait que "non seulement on nous mène en bateau - on a trouvé un grand Pomerol à 400 € la bouteille qui avait plein de pesticides - mais aussi on nous intoxique à long terme."
Car si le vin a dans l'imaginaire de beaucoup d'amateurs une image de produit naturel, "il peut contenir des résidus de pesticides jusqu'à plus de 10 000 fois supérieurs à ce qui est autorisé dans l'eau du robinet", assure Jérôme Douzelet. Et pour éviter de tomber dans le piège, une solution : se tourner vers les vins bios ou naturels dans lesquels "on n'en trouve aucun ou une fois seulement quelques traces."
Cette expérience, les deux auteurs comptent la poursuivre sur des produits alimentaires comme le pain industriel ou encore le poisson dans lesquels le chef a déjà été capable de détecter le goût des plastifiants, des conservateurs et des additifs.
Pratique. Le goût des pesticides dans le vin, Actes Sud. Tarifs : 14,80€.
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