"Ici, nous avons construit en avant sur la mer. Aujourd'hui, elle tente de reprendre ses droits et la place qui était la sienne", présente Patrick Dupays, adjoint à l'urbanisme et travaux de voirie à Lion-sur-Mer (Calvados). Ce vendredi 26 janvier 2018, c'est le calme après la tempête. Sous le soleil qui a fait son retour, il observe les ouvriers à l'œuvre, en train de colmater "l'immense trou" que les vagues ont laissé dans la digue la semaine précédente.
Sur cette partie, la mer a d'abord enlevé le sable qui faisait tampon et finalement attaqué la pierre de Caen, plus fragile, installée ici il y a plus de 45 ans. Des blocs de six tonnes ont même été emportés par les vagues. "Il faut préciser que nous avons subi cinq tempêtes consécutives", raconte l'élu. En quelques jours, le trou est rebouché, mais l'intervention est temporaire "Des travaux de consolidation devraient être engagés par Caen la mer d'ici mars", explique Patrick Dupays.
A cet endroit de la digue, la mer a creusé un immense trou et même emporté des blocs de béton de six tonnes. - Marie-Charlotte Nouvellon
Recherche de solutions pérennes
Car c'est bien à la communauté d'agglomération que revient la charge de cette entretien. "Une commune comme la notre ne pourrait pas s'en charger", reconnait-il, assurant que "reprendre toute la digue pourrait coûter jusqu'à deux millions d'euros selon certaines estimations." Et ce n'est pas faute d'investissements : "nous avions déjà engagé en 2016-2017 deux fois 200 000 € à Lion-sur-Mer", assure Romain Bail, en charge du littoral à Caen la mer.
La mer s'est toutefois engouffrée dans les brèches laissées, ce qui "pose une vraie question sur les techniques à mettre en place, admet l'élu. Il ne s'agit pas de rebétonner sans cesse. Peut-être faudra-t-il envisager d'abandonner certains espaces à la nature - il pourrait notamment en être question pour le camping de Lion-sur-Mer, situé sur une falaise friable - et de prévoir des travaux en amont de la plage là où il y a des habitations. Cela pourrait être des épis en mer ou des pré-digues pour casser les vagues", imagine-t-il.
Les inondations à la charge des intercommunalités
Et si "le problème se pose moins à Ouistreham ou Hermanville où des matelas de sable ralentissent en amont la montée de la mer et absorbe les vagues", de tels travaux représenteraient une enveloppe conséquente pour Caen la mer et pose la question de leur financement. Malgré l'aide d'autres collectivités comme le Département, la compétence des risques liées aux inondations est, depuis le 1er janvier, à la charge des intercommunalités et représente "un vrai sujet à poser dans les années à venir", assure Romain Bail. A la question des digues s'ajoute celle de l'entretien du canal. "L'État nous laisse la possibilité de mettre en place une taxe. C'est une piste de réflexion qui n'est pas envisagée pour le moment par la présidence de Caen la mer mais qui se posera à un moment donné", conclut l'élu.
Gemapi : depuis le 1er janvier, l'État a transféré aux intercommunalités la Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations. Et pour couvrir ces frais d'entretien, les intercommunalités peuvent instaurer une "taxe inondation", plafonnée à 40 € par an et par personne.
Un problème qui n'est pas propre à l'agglomération caennaise. "Partout en France, on voit que les tempêtes se multiplient et que les vagues sont de plus en plus puissantes, rappelle Patrick Dupays. Le niveau de la mer augmente aussi, et il va falloir avoir à un moment ou un autre une réflexion d'ensemble."
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