Le dirigeant est attendu à 11H00 par les sept "sages" du Conseil supérieur de l'audiovisuel. L'audition se déroulera à huis clos, au siège de l'autorité de régulation, situé à Paris sur les bords de Seine, à quelques encablures seulement de la Maison de Radio France.
En 2014, Mathieu Gallet, alors dirigeant de l'INA, avait fait sensation lors d'un grand oral au CSA, et réussi à convaincre ses membres de le nommer à l'unanimité à la tête du premier groupe français de radio, devenant ainsi son plus jeune dirigeant (il vient d'avoir 41 ans).
Quatre ans plus tard, il doit désormais essayer de démontrer que sa condamnation à un an de prison avec sursis et une amende de 20.000 euros, pour favoritisme lorsqu'il dirigeait l'Institut national de l'audiovisuel, n'entame pas sa capacité à diriger le premier groupe français de radio, financé en très grande partie par la redevance audiovisuelle .
D'un côté, ses partisans font valoir, outre qu'il a fait appel de sa condamnation, un bilan solide à Radio France.
Selon les derniers chiffres de Médiamétrie, Radio France n'a en effet jamais rassemblé autant d'auditeurs: chaque jour près de 14,8 millions de Français se branchent sur l'une de ses radios (France Inter, franceinfo, France Bleu, France Culture, France Musique, FIP, Mouv'). La matinale d'Inter est la plus écoutée du pays, l'audience de France Culture bat des records et France Bleu avec ses 44 stations locales est désormais plus écoutée qu'Europe 1.
Côté budget, le groupe prévoit son retour à l'équilibre cette année, grâce notamment à des réductions d'effectifs menées depuis 2015.
Suspense
Mais le gouvernement ne l'entend pas de cette oreille : la ministre de la Culture Françoise Nyssen a jugé le maintien de M. Gallet "inacceptable", au nom d'un devoir "d'exemplarité" des dirigeants d'entreprises publiques, et l'a appelé à "tirer les conséquences" de sa condamnation, tout comme le CSA.
Un désaveu qui pourrait peser lourd dans la décision du Conseil, alors même que le gouvernement a ouvert le chantier d'une réforme en profondeur de l'audiovisuel public, dont Radio France ne sortira pas inchangé. Les patrons du secteur doivent d'ailleurs présenter ce vendredi à Mme Nyssen des propositions communes de "coopérations", dans le cadre de ce chantier.
C'est dans la foulée des déclarations de la ministre que le CSA a ouvert une procédure pour trancher le sort de M. Gallet. Le président du régulateur, Olivier Schrameck, a cependant insisté sur le fait que l'instance se déciderait en toute indépendance, et le plus grand suspense règne sur la décision que prendra le CSA mercredi.
C'est la première fois que le régulateur de la radio et la télévision se retrouve confronté à une telle situation, et sans doute la dernière, puisque le gouvernement veut redonner aux conseils d'administration des sociétés audiovisuelles publiques le pouvoir de nommer et de démettre leurs présidents, via une loi qui sera présentée d'ici la fin de l'année.
Cependant, s'il décidait de démettre M. Gallet, le CSA entend bien user de son pouvoir de nomination pour désigner son successeur, en vertu des règles actuelles. En attendant, c'est un ancien DRH des groupes Sanofi, PSA et BPCE, Jean-Luc Vergne, doyen des administrateurs de Radio France, qui assurerait l'intérim à la tête du groupe.
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