Venant du propre camp du maire sortant, la charge du président LR de la région Paca, ancien premier adjoint de Jean-Claude Gaudin, a surpris. Fustigeant un édile qui laissera une ville dans un état "catastrophique" sur Public Sénat mercredi, Renaud Muselier a décoché de nouvelles flèches jeudi, lors de ses voeux à la presse.
"Je ne veux pas, sous prétexte que j'appartiens à la même famille politique, me taire sur la multitude de dysfonctionnements qui entraînent doucement la ville vers un désastre permanent", assène-t-il. "Un des défauts du maire de Marseille est de ne pas préparer un successeur pour son œuvre", accuse-t-il.
Vingt-deux ans après son arrivée à l'hôtel de ville, Jean-Claude Gaudin, qui a déjà assuré à plusieurs reprises qu'il ne se représenterait pas en 2020, peine effectivement à se trouver un dauphin : successivement, ses premiers adjoints Renaud Muselier, Roland Blum et Dominique Tian, Yves Moraine, le patron du groupe LR à la mairie, ou Bruno Gilles, sénateur LR, y ont cru.
Mais entre élections perdues (Muselier, Moraine), condamnation judiciaire (Tian) ou problèmes de santé (Gilles), une malédiction semble frapper les favoris du maire LR. Lui-même s'en amusait presque lors de ses voeux à la presse, lundi: "Chaque fois qu'on m'a désigné un successeur, celui-là n'y arrive pas".
Dernière hypothèse en date: celle du patron de la République en Marche (LREM) Christophe Castaner, dont la candidature, assure La Provence, serait vue d'un bon oeil à l'hôtel de ville. Pas question de le soutenir en cas de candidature, se défend officiellement Jean-Claude Gaudin. Tout en se disant "reconnaissant" à l'égard de M. Castaner qui s'était retiré en 2015 entre les deux tours des régionales pour barrer la route au FN, le maire promet d'être derrière "le candidat de (sa) liste et de (ses) amis".
Tâter le terrain
Qui sera-t-il ? Mystère. Si M. Gaudin admet que la présidente LR du conseil départemental Martine Vassal a "toutes les qualités" pour lui succéder à la présidence de la métropole Aix-Marseille, il ne cite aucun nom pour la mairie: "Il y a au conseil municipal plusieurs personnalités, hommes ou femmes, qui ont les qualités nécessaires pour être maire. D'ici 2020, nous avons le temps de nous mettre d'accord".
Dans ce grand flou, les rumeurs vont bon train, et plusieurs têtes d'affiche semblent aujourd'hui tâter le terrain.
Renaud Muselier ? "Je suis président de la région jusqu'en 2021 et je compte bien le rester. C'est clair. Mais (…) je déteste l'immobilisme. Marseille mérite mieux", répond l'ex-dauphin.
Christophe Castaner ? Aujourd'hui, "la question ne se pose pas", avance le patron de LREM, en visite le 19 janvier dans la cité phocéenne pour l'inauguration de la permanence d'une députée de son parti. Mais... "oui, évidemment, Marseille ne se refuse pas", reconnaît aussi l'ex-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence).
Jean-Luc Mélenchon ? S'il a toujours officiellement écarté l'idée d'être candidat à la mairie de Marseille, le député LFI des Bouches-du-Rhône tisse sa toile dans la ville. "Le dernier dont on parle, c'est Castaner, et après, on vient me voir, moi, tous les jours. On me dit: +alors ?+", lance-t-il, le 19 janvier, lors de sa cérémonie de voeux à Marseille. "Alors, rien du tout: c'est moi qui décide et personne ne va me tordre le bras", répond-il, insistant sur la nécessité de faire "d'abord" un programme avant de se demander qui va "marcher devant".
Samia Ghali ? La sénatrice PS des quartiers Nord, candidate malheureuse à la primaire PS lors des municipales de 2014, est, elle, plus directe: elle "n'exclut pas du tout d'être candidate", avoue-t-elle sur RMC mardi. "Je serai toujours candidate pour faire avancer", dit-elle.
Un seul s'est d'ores et déjà déclaré officiellement candidat à la succession de Jean-Claude Gaudin: le sénateur FN Stéphane Ravier, qui rêve ouvertement d'un coup d'éclat, même si la barre paraît haute.
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