La plus grande enceinte sportive de France se dresse fièrement au bord de l'A1, aux portes nord de Paris. Inspirée d'une soucoupe volante, elle domine, du haut de ses 35 mètres, un quartier de bureaux aux avenues rectilignes, où le siège vitré de la SNCF côtoie la façade high-tech de Vente Privée.
Difficile d'imaginer qu'à la place de cet écrin de 80.000 places, inauguré le 28 janvier 1998 par le président Jacques Chirac, s'élevaient les "gazomètres", d'immenses cuves où était stocké le gaz produit sur place pour chauffer la capitale.
Dans les années 50, des milliers d'ouvriers travaillent à La Plaine qui est alors "l'une des zones avec le plus d'emplois en Europe", selon Jean-Jacques Clément, habitant du quartier. Mais la désindustrialisation a raison de ce bastion électoral du PCF, vivier de militants et d'élus communistes. Une à une, les usines ferment et, à leur suite, commerces et bistrots baissent le rideau.
"Entre 1980 et 1993, les habitants, les élus déprimaient", se souvient celui qui était alors chauffeur de bus. "La Plaine, ce n'était pas une ligne fatigante. Une fois qu'on avait amené les gens au métro le matin, on tournait un peu à vide".
En 1993, la France, qui vient d'obtenir l'organisation de la prochaine Coupe du monde de football, arrête son choix sur l'ancienne usine de Gaz de France. Idéalement situé au croisement de deux autoroutes, à proximité de deux lignes de RER et de la capitale, le site avait été repéré dès 1988 par le préfet Jacques Perrilliat.
- "Pas des sauvages" -
Mais face à l'opposition farouche du maire de Saint-Denis, lui-même ancien ouvrier de La Plaine, l'Etat se rabat sur un terrain agricole en Seine-et-Marne. Jusqu'à ce que le successeur de Marcelin Berthelot, Patrick Braouezec, fasse discrètement savoir qu'il y est favorable. Finalement, "cette stratégie de non-candidature a permis de faire monter les enchères", explique Jacques Marsaud, alors directeur général des services de la ville.
Couverture de l'autoroute A1, construction de deux nouvelles gares RER et d'une passerelle au-dessus du canal pour relier la cité des Francs-Moisin, création de rues, de places: Saint-Denis obtient qu'il soit dépensé pour l'aménagement local autant que pour la construction du stade, 3 milliards de francs (plus de 600 millions d'euros).
Ainsi, "on a sauvé La Plaine", devenue le deuxième pôle tertiaire d'Ile-de-France après La Défense, se félicite M. Marsaud. Un regret cependant: que les nouvelles activités ne soient pas assez adaptées au bassin d'emploi.
A peine né, le Stade de France entre dans la légende: c'est là, en juin 1998, que Zidane et Deschamps soulèvent la Coupe du monde. Là que Johnny ou Madonna donnent des concerts mémorables. Là aussi que, le 13 novembre 2015, trois explosions retentissent à l'extérieur de l'enceinte, prélude à une longue nuit d'horreur qui fera 130 morts lors des attentats jihadistes.
Jamais franchi le périph'
Progressivement un changement d'image s'opère. Parmi ceux qui travaillaient sur le chantier, "certains n'avaient jamais franchi le périph', si ce n'est en taxi pour aller à Roissy", raconte Patrick Braouezec. "Ils découvraient qu'on n'était pas sauvages. Qu'on pouvait travailler ici, y vivre même".
Quant aux habitants, ils "étaient fiers d'accueillir un équipement à portée internationale. Ils se sentaient respectés, alors que jusqu'à présent Paris avait plutôt considéré ses banlieues comme ses commodités".
Sans le Stade, qui accueillera la cérémonie d'ouverture et les compétitions d'athlétisme des jeux Olympiques de Paris-2024, "on n'aurait pas eu les Jeux", affirme Jacques Marsaud, certain que cet événement planétaire va donner une impulsion décisive à des projets qui sinon auraient mis des années à se concrétiser. C'est le cas de la gare de métro Pleyel, mais aussi d'un nouveau quartier appelé à voir le jour sur le site d'Engie, entre la Plaine et le centre-ville de Saint-Denis.
Le projet d'aménagement de ce terrain de 12 hectares où sera construite la piscine olympique piétinait. Mais "les Jeux ont été l'occasion de mettre tout le monde autour de la table", souligne Anthony Piqueras. Le directeur technique de Paris-2024 entend bien faire des JO "le trait d'union qui manquait à ce territoire".
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