Entre-temps, les frictions entre la Turquie et les Etats-Unis au sujet de l'opération d'Ankara ont éclaté au grand jour jeudi, au lendemain d'un entretien téléphonique entre M. Erdogan et le président américain Donald Trump.
Au sixième jour de cette offensive contre le canton d'Afrine qui suscite l'inquiétude de plusieurs pays, M. Erdogan s'est rendu, lors d'une visite surprise à la frontière syrienne, au QG de commandement de l'opération dans la province de Hatay en compagnie du chef de l'armée et du ministre de la Défense, selon la présidence turque.
Lors de ce déplacement, il a affirmé que l'offensive, qui vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, se poursuivrait "jusqu'à ce que le résultat soit obtenu", selon un communiqué de la présidence turque.
Le président turc, en veste de camouflage militaire, a assuré que l'opération visait à "nettoyer Afrine des terroristes" et à permettre aux Syriens réfugiés en Turquie de rentrer dans leur pays.
De l'autre côté de la frontière, où les Kurdes disposent d'une région de facto autonome, un responsable du canton d'Afrine a appelé le régime de Bachar al-Assad à l'aide.
'Rétablir la confiance'
"L'Etat syrien (...), avec tous les moyens qu'il a, devrait faire face à cette agression et déclarer qu'il ne permettra pas aux avions turcs de survoler l'espace aérien syrien", a indiqué à l'AFP Othmane al-Cheikh Issa, co-président du Conseil exécutif du canton.
Dimanche, le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad avait averti que la Syrie pourrait abattre les avions de combat turcs.
L'intervention turque dans le nord de la Syrie complique encore un peu plus la guerre qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.
Le conflit implique plusieurs puissances régionales et internationales, comme la Turquie et les Etats-Unis, tous deux opposés à Bachar al-Assad mais aux intérêts parfois divergents.
Lors d'un entretien téléphonique entre M. Trump et M. Erdogan, selon le compte-rendu de la Maison Blanche, le président américain a "exhorté la Turquie à réduire et limiter ses actions militaires" et demandé d'éviter "toute action qui risquerait de provoquer un affrontement entre les forces turques et américaines".
Mais Ankara a affirmé que "le président Trump n'(avait) pas exprimé d'inquiétude (à propos) d'une escalade de la violence" à Afrine.
Signe de la dégradation des relations entre Ankara et Washington, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a appelé les Etats-Unis à prendre des "mesures concrètes" s'ils voulaient "rétablir la confiance".
Cette passe d'armes illustre le fossé entre les deux pays au sujet des YPG.
Liées au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui livre une guérilla meurtrière en Turquie, les YPG sont considérées comme une organisation "terroriste" par la Turquie qui veut les déloger d'Afrine, et, à terme, de tous les territoires qu'elles contrôlent le long de la frontière turque.
Mais Washington s'appuie sur les YPG pour combattre le groupe Etat islamique (EI).
Pourparlers à Vienne
Les YPG ont mis à profit leur alliance avec Washington pour étendre leur contrôle sur de vastes territoires dans le nord de la Syrie d'où les jihadistes ont été chassés.
Sur le terrain, l'artillerie et l'aviation turques ont de nouveaux pilonné les positions des YPG. La localité de Jandairis, située près d'une ligne de front avec les rebelles proturcs, a été particulièrement touchée par des raids aériens et des tirs de roquettes.
"Je ne partirai pas de Jandairis tant que je suis en vie", a affirmé à l'AFP Abou Jiwane, un septuagénaire dont les bombardements ont endommagé la maison, poussant plusieurs voisins à partir.
Depuis samedi, près de 100 combattants des YPG et des groupes rebelles syriens pro-turcs ont été tués, ainsi que 33 civils, la plupart dans des bombardements turcs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ankara dément avoir touché des civils. L'armée turque a déploré trois morts.
L'offensive suscite l'inquiétude de plusieurs pays, notamment l'Allemagne qui a demandé à l'Otan l'ouverture de discussions sur l'opération.
Le ministre turc aux Affaires européennes, Omer Celik, venu défendre l'opération à Bruxelles, a lui affirmé que son pays aimerait que les Européens soient "à ses côtés".
Sur le front diplomatique, un nouveau round de pourparlers de paix sur la Syrie s'est ouvert jeudi à Vienne sous l'égide de l'ONU, mais le regain de violence sur le terrain rend hypothétique l'espoir d'avancées significatives.
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