"C'est pas l'Yerres ça, c'est une rue ! L'Yerres est derrière les maisons": dans cette ville de 30.000 habitants située à une vingtaine de km au sud de Paris, le quartier de Sylvain, bordé par cette rivière qui se jette dans la Seine en amont, est méconnaissable.
Toutes les rues sont submergées, coupées par une eau marronnasse qui est montée en moyenne à 1,20 mètre. Emergent ici le toit d'une caravane emportée par le courant, là celui d'une voiture restée bloquée. A la surface flottent des chaises, beaucoup de déchets, que les habitants et les agents de la mairie tentent de collecter.
Dans l'une de ces rues, un bateau à moteur de la brigade fluviale revient à faible allure. A bord, Claude-Albert et dans ses bras, son chien Rex, que les policiers sont allés chercher sur le balcon de sa maison, en escaladant le mur.
Claude-Albert voulait y aller seul, mais très vite sa rue est devenue impraticable. "On ne pensait pas que ça allait monter comme ça", dit celui dont la maison "est remplie d'eau", et qui dort à l'hôtel avec sa femme. Dans ce quartier, 150 personnes ont été évacuées et sont hébergées dans des gymnases de la ville, selon la préfecture du Val-de-Marne qui estime que le pic de la crue devrait être atteint vendredi.
Outre la brigade fluviale, qui avait effectué jeudi matin une dizaine de trajets pour les habitants voulant récupérer des affaires chez eux, la mairie aident les habitants des zones moins touchées à se déplacer avec deux barques: pour "les enfants qui vont à l'école, ceux qui doivent faire des courses", explique un responsable de la mairie sur place.
"J'attends"
Ceux dont les maisons sont pour l'heure épargnées écopent devant chez eux, guettent et commentent le niveau de l'eau regroupés dans la rue entre voisins. "17 centimètres, comme ce matin", annonce satisfait Ribeiro, en repliant son mètre dérouleur.
Dans sa rue, des passerelles bricolées avec des poutres de bois ont été installées au dessus des nappes d'eau, sur lesquelles les habitants tentent de garder leur équilibre et les pieds au sec.
Sur les murs de sa maison, Akca montre la démarcation, à un mètre du sol, laissée par les dernières grosses inondations de juin 2016. Pris de cours à l'époque par la rapide montée des eaux, tous ici ont cette fois pris leurs dispositions.
Akca a ressorti les deux cuissardes de pêche achetées et la canne à pêche, "au cas où on reste bloqué", sourit-il. Dans son salon, il ne reste que deux canapés surélevés sur des tréteaux posés sur des briques. Tout le reste a été monté à l'étage, la gazinière et le réfrigérateur emmené chez des amis.
Depuis sa rue perpendiculaire à la rivière, les pieds là où l'eau s'arrête, Sylvain observe lui, à une cinquantaine de mètres, la rangée de maisons et cabanes à moitié immergées. Sa maison est encore au sec, mais l'eau se rapproche et il est inquiet.
Son voisin Philippe, 41 ans, rassure sa mère au téléphone. Il surveille sa maison, pompe l'eau du caniveau. "Je suis à la limite, j'attends", dit un peu fébrile celui qui vient tout juste, comme beaucoup ici, de finir de très gros travaux après les dégâts causés par les inondations de 2016.
"Si l'eau passe, il va falloir tout recommencer", dit-il désemparé. Et vendre la maison? "Ma maison a déjà perdu 30% de sa valeur après les inondations de 2016, j'imagine que ça va être pareil cette fois".
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